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Siliana, la ville à la plaie ouverte
Publié dans Business News le 28 - 11 - 2012

Une vague de protestations a envahi la ville de Siliana, ces derniers jours, et semble prendre de l'ampleur jour après jour. Les déclarations officielles viennent en décalage évident avec les témoignages et récits des habitants de la région. La répression policière bat son plein faisant des dizaines de blessés, suite à un usage massif de tirs de chevrotine contre une population civile qui réclame le développement, l'emploi et le départ du gouverneur nahdhaoui.
De son côté, le pouvoir dénonce une manipulation de la masse populaire, une intrusion de personnes étrangères à la ville, une amplification des événements ou bien encore une « importation des pierres » utilisées par les manifestants, comme a tenu à le mentionner ledit gouverneur.
Pourquoi, Siliana, s'embrase-t-elle, près de deux ans après la révolution partie, il y a près de deux ans, non loin de là, à Sidi Bouzid plus précisément.
Ville de l'ouest tunisien sise à 127 km de la capitale, Siliana connaît, depuis bien des années, de grandes difficultés socioéconomiques, à l'instar de toute la bande intérieure du pays composée, notamment de, outre Siliana, de Kasserine, Sidi Bouzid et Gafsa. Ces zones reculées ont en effet souffert depuis des décennies «d'exclusion et de marginalisation», et c'est précisément de chez eux qu'est partie la première étincelle, le 17 décembre 2010, qui avait, abouti à la révolution du 14 janvier.
Surmontant la phase postrévolutionnaire, celle des élections et le démarrage de la phase de transition démocratique, Siliana, comme tous les autres gouvernorats de l'intérieur du pays, s'apprêtait à entrer dans une nouvelle étape, celle du développement, de l'emploi et de la dignité. Siliana s'attendait à prendre son envol, sauf que la politique du gouvernement n'a pas suivi le rêve populaire silianais.
Avec un défilé de quatre gouverneurs depuis la révolution, toute la région de Siliana souffrait d'une précarité et d'une instabilité sociale, politique et économique criarde. Ensuite, la nomination du dernier gouverneur, Ahmed Zine Mahjoub, connu pour son appartenance au parti Ennahdha doublé d'un échec dans la gouvernance locale, n'a fait qu'envenimer la situation.
Les troubles ont commencé par un mouvement populaire encadré par l'UGTT, émanant d'une population insatisfaite du rendement du gouvernement, notamment à l'échelle régionale. Une manifestation réunissant quelques milliers d'habitants de la ville de Siliana ainsi que des syndicalistes et représentants de partis politiques, a été organisée mardi 26 novembre 2012, devant le siège du gouvernorat. Ce rassemblement a vite dégénéré suite à une intervention musclée des forces de l'ordre qui ont essayé de disperser les manifestants à coups de matraques et de gaz lacrymogène. Les manifestants, de leur côté, ont riposté par des jets de pierres, « importées » selon les propres termes du gouverneur.
La ville, qui vivait déjà au rythme des contestations depuis le 22 novembre, est entrée en grève générale, décidée par l'UGTT. Les principales revendications des grévistes silianais sont, entre autres, la mise en place d'une réelle stratégie de développement de la région, le limogeage du gouverneur de Siliana et la libération de nombreux prisonniers arrêtés lors des événements du 26 avril dernier.
Bilan de cette première journée d'émeutes, une vingtaine de blessés et des réactions diverses.
Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, pour sa part, a affirmé que les manifestants avaient déclenché les affrontements, en jetant des pierres et a précisé que certains disposaient même de cocktails Molotov. Les élus à l'ANC, eux, étaient partagés entre ceux. Les constituants appartenant au bloc d'Ennahdha ont vite fait de pointer du doigt, et comme à l'accoutumé, des tierces parties qui auraient monté les habitants de la région contre leur gouverneur tout en dénonçant le passage à l'acte «de milices antirévolutionnaires».
Quant aux partis de l'opposition, ils dénoncent un abus de violence de la part des forces de l'ordre contre des manifestants pacifistes. Concernant le gouverneur de Siliana, il continue à s'agripper (des rumeurs propagées en début de soirées sur sa démission ont été rapidement démenties par le ministère de l'Intérieur) à son poste dans des déclarations médiatisées, clamant la légitimité de sa nomination par un gouvernement légitime.
Pour sa part, l'UGTT a annoncé sa détermination à poursuivre la grève ouverte pour le deuxième jour consécutif. Par conséquent, le dispositif sécuritaire dans le gouvernorat de Siliana a été renforcé avec un déploiement de blindés de la Garde nationale et des unités spéciales anti-émeute.
Iyed Dahmani, élu à l'ANC et originaire de cette ville qui s'est déplacé sur les lieux, a témoigné que la marche était pacifique et que les forces de l'ordre ont commencé à utiliser les gaz lacrymogènes sans aucune raison. Il a, par ailleurs, expliqué que «les habitants sont en colère, suite aux déclarations calomnieuses du gouverneur de la région et du porte-parole du ministère de l'Intérieur». «Ceux qui ont participé à la manifestation du jour précédent et qui comptaient entre 8000 et 10000 personnes, sont bel et bien originaires de la région», contredisant ainsi le ministère de l'Intérieur. Il a, également, annoncé sa décision d'entamer une grève de la faim, en signe de protestation contre les violences commises à l'encontre des habitants de sa région et contre le refus du ministère de l'Intérieur de dialoguer sur la situation en dépit de ses multiples appels.
De leur côté, les forces de l'ordre sont passées à la vitesse supérieure et ont fait usage de tirs de chevrotine sur la foule des manifestants.
Un deuxième jour de heurts et une recrudescence des violences qui se sont aggravées à tel point qu'on commence déjà à lancer des SOS pour recevoir des secours, notamment au niveau sanitaire. Le bilan provisoire de la répression a atteint 150 blessés selon Afif El Hani, surveillant au service des urgences de l'hôpital régional qui a tenu à préciser qu'aucun membre des forces de l'ordre ne figurait parmi les blessés dans le même hôpital.
On parle, également, de 13 cas graves qui ont été transférés aux hôpitaux de Tunis et notamment à l'Institut d'ophtalmologie Hédi Erraïes, ce qui laisser entendre que les blessés sont touchés plus précisément aux yeux. Des sources syndicales avancent, quant à elles, le chiffre de 220 blessés.
Même les journalistes, qu'ils soient tunisiens ou étrangers, n'ont pas échappé à cette répression policière. En effet, radio Mosaïque Fm a déclaré que son journaliste Abdessalem Somrani ainsi que la journaliste d'"Al Massira", Hend Jebali, ont été agressés par les forces de l'ordre.
Par ailleurs, David Thomson correspondant de France 24 et RFI en Tunisie a été blessé par un tir de chevrotine avant d'être transporté à l'hôpital de Siliana.
Quant aux autorités, sa position officielle a été on ne peut plus claire, puisque Hammadi Jebali chef du gouvernement a déclaré à la radio Jawhara Fm «qu'il s'agit juste d'un pépin entre deux employés du gouvernorat qui s'est transformé en une grève générale et une désobéissance civile». Il a ajouté que «les habitants ont crié dégage au gouverneur, mais que ce soit bien clair, il n'y aura plus de "dégage", ce gouverneur ne bougera pas, quitte à ce que je quitte le pouvoir avant lui ».
Ainsi le chef du gouvernement semble suivre la démarche de « bikoulli hazm » en s'engageant dans un défi qu'on peut assimiler à un bras-de-fer avec la population révoltée, coupant court à toute possibilité de négociation et de dialogue.
Et dire qu'en ces moments graves où Siliana s'embrase et où l'escalade risque de toucher d'autres régions de l'ouest et nord-ouest du pays, les élus d'Ennahdha, parti majoritaire de la Troïka, rejettent une proposition de réclamation à introduire auprès du ministère de l'Intérieur pour ne pas recourir à la force contre les manifestants
En ces mêmes moments difficiles, les membres du gouvernement s'illustrent par leur absence de la scène puisqu'on n'a vu aucun d'entre eux se rendre dans cette région pour faire apaiser les esprits.
En cette heure grave où des centaines de citoyens tunisiens sont blessés, dont certains grièvement, par des éclats de chevrotine, le président de la République et le chef du parti islamique au pouvoir se pavanent à Londres pour recevoir des « distinctions protocolaires » et contestées par nombre de composantes de la société civile.


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