Ambiance particulière, hier après-midi, devant l'un des hôtels de l'avenue Habib-Bourguiba à Tunis. Les syndicalistes étaient venus en grand nombre, à l'occasion de la tenue de la commission administrative de l'Ugtt, crier haut leur colère et leur indignation à l'encontre des actes de violence et des agressions perpétrés, mardi, par des groupes appartenant aux comités de protection de la révolution contre le siège de la centrale syndicale à la rue Mohamed-Ali. Hassine Abbassi, secrétaire général de l'Ugtt, n'a pas mâché ses mots pour clamer : «Ceux qui tablent sur la peur des syndicalistes font de faux calculs, tout simplement parce qu'ils ne connaissent pas l'histoire de l'Ugtt qui est toujours sortie plus forte et plus soudée de toutes les épreuves et les crises qui ont jalonné sa longue histoire». «Aujourd'hui, au moment où nous célébrons le 60e anniversaire du martyre du leader syndical et national Farhat Hached et au moment où nous venons de clôturer un round de négociations dures et éprouvantes couronnées par des augmentations salariales dont profiteront près de deux millions de travailleurs dans les secteurs privé et public, nous ne pouvons que persévérer dans la voie que nous nous sommes tracée, celle du dialogue, de la concertation et de l'ouverture sur toutes les composantes des sociétés politique et civile afin de prémunir la Tunisie contre les dangers de l'instabilité et le chaos que certaines parties cherchent à instaurer», a-t-il martelé à l'ouverture des travaux de la commission administrative de l'Ugtt. Et le secrétaire général de la centrale syndicale de revenir sur le déroulement des événements de violence et d'agression qui se sont produits à la place Mohamed-Ali pour relever : «A la suite des embrassades et de l'échange d'amabilités, à la suite de la signature de l'accord sur les augmentations salariales, nous avons été surpris en regagnant le siège de l'Ugtt de voir les membres des comités de protection de la révolution nous accueillir avec des slogans hostiles pour passer rapidement aux agressions physiques en usant d'armes et de moyens (lacrymogènes et gaz asphyxiant) que nous croyions jusqu'ici à la disposition exclusive des forces de sécurité», ajoute-t-il. N'empêche, l'Ugtt est déterminée, en dépit de ces actes, à conférer un éclat particulier à la commémoration du soixantième anniversaire de l'assassinat de Farhat Hached en exécutant le programme des festivités déjà arrêté. «D'abord, nous allons organiser un symposium international sur les dessous de l'assassinat de Hached et sur le phénomène des assassinats politiques, en général. Ensuite, nous envisageons d'aménager l'étage d'en bas du mausolée de Farhat Hached afin d'y créer un musée de la mémoire syndicale». Hassine Abbassi n'a pas manqué d'exprimer son sentiment de désolation pour les déclarations du responsable de la communication au sein d'Ennahdha qui avance que «ce sont des syndicalistes mécontents du rendement du bureau exécutif de l'Ugtt et opposés à sa démarche actuelle qui sont derrière les actes de violence commis à la place Mohamed-Ali». A l'issue de l'allocution du secrétaire général de l'Ugtt, les travaux de la commission administrative se sont poursuivis à huis clos. Le climat général et les indiscrétions glanées auprès des participants laissent entendre que «la commission administrative envisage de décréter la grève générale en signe de protestation contre le harcèlement inacceptable et injustifiable dont l'Ugtt est la victime depuis quelques jours».