L'Assemblée nationale constituante a adopté, mardi, lors d'une séance plénière, l'article 10 du budget de l'Etat au titre de l'année 2013 portant sur les bons de trésor islamiques, et ce, afin de limiter un déficit croissant et renforcer la demande sur le marché financier. Ces « Sukuks » vont contribuer désormais au financement du budget à hauteur de 1.000 millions de dinars. Ce type de financement est caractérisé par un volume et une échéance de remboursement importants et permettront au Trésor tunisien de faire face à l'inflation et au manque de liquidités. Ces bons sont des crédits ouverts à la souscription publique. De plus, un bon de trésor islamique n'est pas, comme pour les obligations conventionnelles, fondé sur une émission de dette. Les sukuks ou obligations islamiques sont un produit financier adossé à un actif tangible et à échéance fixe qui confère un droit de créance à son propriétaire. L'investisseur finance un actif tangible qui va fournir un revenu stable pendant une certaine période. Celui-ci reçoit une part du profit attaché au rendement de l'actif en question. Le recours à un instrument de finance islamique semblable pour la première fois en Tunisie s'explique également par un besoin de liquidités et un endettement croissant que les autorités financières cherchent à limiter, la dette publique flirtant avec les 50% du PIB. Cette mesure s'inscrit également dans le cadre de l'élaboration d'un cadre légal régissant le financement islamique. A rappeler que lors d'un forum sur l'économie islamique, organisé par l'Association tunisienne de l'économie islamique en collaboration avec la Banque islamique de développement, février dernier, le chef du gouvernements avait annoncé la création d'un cadre juridique consacré aux modes de financement islamique. Il a rappelé, en outre, que les besoins du pays en investissement dans les cinq années à venir atteignent 35 à 40 milliards de dollars. Il a affirmé que l'investissement islamique peut jouer un rôle crucial dans la réalisation des projets de développement et le financement de grands projets de l'agriculture du tourisme,du commerce ,et ce, par le biais de l'émission des bons islamiques,un nouveau mode d'investissement qui pourrait intéresser de nouveaux investisseurs. A l'échelle internationale, l'émission de chèques islamiques a prouvé sa capacité de résistance durant les périodes de turbulence. L'émission de Sukuk a augmenté de 14,9 milliards à 23,3 milliards de dollars en 2009, avec l'Asie qui a montré une puissance particulière. Malgré tout, le marché des Sukuks est encore une niche, avec un énorme potentiel de croissance. Le taux de croissance des Sukuks est actuellement de 10 à 15% sur les marchés financiers mondiaux (BID). Les principaux pays d'émission de chèques islamiques sont la Malaisie, le Bahreïn, les Emirats Arabes Unis, l'Arabie Saoudite et le Pakistan. Le Royaume-Uni a été le premier pays occidental à lancer un projet de création d'un sukuk. Les autres pays européens n'ont pas encore investi ce marché de façon significative. La conjoncture actuelle que connaît la Tunisie nécessite la mise en place de nouveaux mécanismes de financement et la diversification des ressources de l'Etat . La valorisation de la finance islamique serait-elle un moyen pouvant offrir des opportunités de développement et relancer une économie en difficulté, sachant que certains députés on mis en doute l'efficience des banques islamiques et l'efficacité espérée du développement de ce type d'établissements financiers en Tunisie.