Au cinéma, en 1984, Michel Serrault a tué Eddy Mitchell. Il est arrivé quelque chose d'encore plus grave, en ce mois de décembre, sur un terrain de patates batave... A mort l'arbitre, on se plaisait à penser jusqu'ici que ça n'était qu'un film (1984, réalisation: Jean-Pierre Mocky). Un assez mauvais film, mais un film, et c'était bien là l'essentiel. Dans la fiction, les très vilains supporters des «Jaune et Noir», emmenés par Rico (Michel Serrault), iront jusqu'à provoquer la mort de l'arbitre (Eddy Mitchell) – faut dire qu'il avait sifflé un penalty inexistant à la 90e, ce salopard... Jets de bouteilles, saillies racistes, chasse à l'homme avec barres de fer, chalumeau, couteaux, et ils l'achèveront au minibus... Dans le port d'Amsterdam C'est un film, donc. Mais la réalité adore aller boire l'apéro avec la fiction et, dimanche après-midi, sur un champ de bintjes (patates néerlandaises idéales pour la pratique du gratin), le pire est survenu. Almere, non loin du cœur d'Amsterdam. A la fin d'un match de jeunes (15-16 ans), trois d'entre eux, excédés par la tournure des événements footballistiques, ont expliqué leur façon de penser à un juge de ligne. Une façon de penser très radicale. La vérité si je mens On reprend son souffle et on dit la vérité (même si elle est amère): les lésions cérébrales subies consécutivement aux plusieurs coups portés à la tête de la victime, qui avait pourtant bien tenté de s'enfuir, l'ont d'abord plongé dans le coma. Lundi, la mort clinique était prononcée par la police d'Utrecht. Chapeau à celui qui osera nous demander le score du match... Quarante et un ans, dimanche après-midi, une rencontre de d'jeun's à arbitrer entre Nieuw Sloten B1 et Buitenboys B3, et puis patatras. L'horreur. «C'est effrayant de voir qu'un tel drame peut se passer sur un terrain de sport aux Pays-Bas», a réagi la ministre des Sports, Edith Schippers, pas très originale en l'occurrence. On ne reverra plus A mort l'arbitre du même œil et, d'ailleurs, le reverra-t-on un jour? En attendant, pourvu que la réalité n'aille pas trop souvent boire l'apéro avec la fiction. Après ça, franchement, entre nous, si Carlo Ancelotti se fait virer du PSG et remplace José Mourinho au Real, qui d'ailleurs ferait le chemin inverse...