Sa passion picturale le pousse parfois à la démence, même s'il a de l'esprit et de l'humour jusqu'à l'état clownesque. Mohamed Chelbi porte au fond de son âme et conscience, une dualité démon-ange qui donne à ses œuvres une puissance à la fois spirituelle et démoniaque. En état de gestation, Mohamed Chelbi s'isole, boude le cercle artistique et s'enferme dans sa bulle, au point d'en faire un enclos carcéral où la torture de l'esprit devient sa toiture. L'espoir tourne alors au Noir. Le désespoir, le blues, la déprime et la mélancolie assombrissent sa palette, durcissent les formes, embrasent les traits, ombragent les lumières, et nuancent les expressions par un jeu habile de reflets et de moirures. Le camaïeu est de règle pour exprimer la grisaille des émotions et la couleur dominante, tragique, n'est que prétexte de révolte, de souffrances et de tourments. C'est aussi la couleur sociopolitique, gangrène de notre temps! Cette année, Gattous pour ses intimes, accouche dans une période de violence et d'injustice; d'où les visages à traits torturés, les paysages ravagés, les formes altérées, tordues avec des blessures cruelles et des sensations angoissantes. Est-ce le cri de l'artiste dans un espoir de prise de conscience générale ou un essai d'exorcisme par un exutoire ? Sa passion picturale le pousse parfois à la démence, même s'il a de l'esprit et de l'humour jusqu'à l'état clownesque. Mohamed Chelbi porte au fond de son âme et conscience, une dualité démon-ange qui donne à ses œuvres une puissance à la fois spirituelle et démoniaque. Il a fait de la peinture son dieu et du quotidien le démon de la foi, de la curiosité, de la solitude, de minuit, du maître et de l'égocentrisme ! En passant par la galerie Cherif Fine Art, à Sidi Bou Saïd , du 16 décembre 2012 au 15 janvier 2013, si de là le démon de la curiosité vous effleure le corps et l'esprit, vous serez non seulement rassasiés et pleins que vous risqueriez de tomber dans les puits de l'art, genèse des tripes et des méninges ; de l'art sincère, juste, chaleureux et marquant. Et puis..., loin de là, est l'académique glacial, théoricien! L'émotion est bel et bien là, l'art est toujours là, même si l'artiste semble las, mais quand même un peu là ; et c'est là qu'est le génie et son trésor sous trappe, d'autant plus qu'il dédie son exposition «Puits et puis ?» à la mémoire de son grand ami et artiste sculpteur, Adel Chelbi, parti il y a déjà six ans !