Mourad Harbaoui ne peut être insensible au contexte du pays. On trouvera ainsi, parmi ses œuvres, des toiles à l'intitulé révélateur : Le peuple veut, Manif et la foule. Mais c'est aussi Le cri dont il essaye de multiplier les expressions, par une palette enragée, endiablée dont on ressent la violence et la force. «En conviant des journalistes à un point de presse, le peintre Mourad Harbaoui veut ancrer une nouvelle tradition et créer un autre rapport entre les journalistes, les œuvres et l'artiste, autour d'un événement». C'était le préambule à la conviviale conférence de presse qui s'est tenue vendredi dernier dans un hôtel de Tunis, et qui a constitué une occasion pour l'artiste de lever un coin du voile sur sa nouvelle exposition «Images à outrance» qui se tiendra du 4 au 30 janvier 2013 au Centre national des arts vivants de Tunis. Regroupant quelques soixante-dix tableaux, réalisés avec des techniques variées, le peintre signale trois expressions essentielles qui dominent cette exposition: l'acrylique sur toile, le dessin et le tissage. C'est donc une balade en beauté qu'il offre, entre nouvelle figuration et abstraction, confrontant diverses expériences et mêlant des techniques différentes (acrylique, techniques mixtes, collage...), pour donner naissance à des univers, parfois aux antipodes, d'autres fois se télescopant curieusement jusqu'au vertige. A quelle logique obéit cette exposition ? «Ce n'est pas une rétrospective, mais plutôt des fragments du réel dépeints dans des œuvres qui dialoguent entre elles», répond l'artiste en insistant sur cette notion d'instantanés captés au jour le jour et dont il cherche à restituer les traces permanentes ou éphémères. Les lieux visités et les personnes rencontrées deviennent les éléments de son récit plastique, «écrit», en partie, sur place, tels qu'à l'Espace Bouabana ou au restaurant Tantonville. Bien entendu, Mourad Harbaoui ne peut être insensible au contexte du pays. On trouvera ainsi parmi ses œuvres, des toiles à l'intitulé révélateur: Le peuple veut, Manif et la foule. Mais c'est aussi Le cri dont il essaye de multiplier les expressions, par une palette enragée, endiablée dont on ressent la violence et la force. Pour y parvenir, Mourad Harbaoui a misé encore une fois sur la lumière. C'est sa botte secrète. En effet, cette lumière qui jaillit de toutes ses œuvres est pure, incandescente, éclatante, aveuglante comme la vérité ou la foi. Il n'empêche, cette âme créatrice livre, chichement, sa propension au nu. «Je le présente par une expression purement plastique qui s'offre à plusieurs lectures. Ce qui m'intéresse dans le nu, c'est l'architecture corporelle», affirme-t-il. C'est à travers des œuvres comme Corps en fuite, Nu allongé ou encore du Nu assis, que l'on découvre la respiration dramatique ainsi que l'expression sensible et sensuelle de ce qui se joue dans les toiles de Mourad Harbaoui. Par ailleurs, le dessin ne sera pas, pour ce peintre dont l'inspiration est à la portée de sa main, en rade non plus dans cette exposition. C'est sur le papier blanc qu'il explore toutes les possibilités de l'existence et que ses pensées limpides peuvent circuler. Ici, les traits du pinceau peuvent recréer, avec grâce et sincérité, des situations et des ambiances familières, qui illustrent avec éloquence une proximité intime, et personnelle avec les formes qui entourent le peintre dans son quotidien. Mais Mourad Harbaoui, qui avoue avoir observé, tout jeune, sa mère manier les fils de laine et le «noul», renoue avec le plus artisanal de tous les arts : le tissage. Grâce à une collaboration avec la Fondation Robert Four, il se met à son tour à l'œuvre. Et voilà que ces toiles migrent vers un autre support qu'il nous convie à découvrir, à l'occasion de son exposition. Et ce n'est pas tout, car le peintre promet une autre surprise de taille. Il en a jalousement gardé le secret, lors de ce point de presse.