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«J'ai atteint mon objectif...»
Entretien avec : La blogueuse Olfa Riahi, à propos de ses révélations sur le ministre des A.E.
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 01 - 2013

L'affaire «Sheratongate» a connu hier de nouveaux développements : Rafik Abdessalem, ministre des Affaires étrangères, a porté plainte contre la journaliste et blogueuse Olfa Riahi, qui a publié sur son blog, le 26 décembre 2012, des informations étayées par des documents, entre justificatifs et pièces comptables, présentés comme authentiques, révélant de fortes présomptions de malversation financière à son encontre.
«Le ministre aurait résidé à plusieurs reprises à l'hôtel Sheraton à Tunis aux frais du ministère des Affaires étrangères (MAE) bien qu'il dispose d'un domicile personnel proche de son lieu de travail et y aurait invité une femme dont il aurait payé un séjour d'une nuit». Ce que le ministre ne nie pas, déclarant que «cette femme est une parente, plus précisément une cousine, et qu'il a payé la nuit d'hôtel de son propre argent».
La blogueuse a révélé par ailleurs sur des plateaux de télévision d'autres informations sur le ministre rapportant qu'«un virement d'un million de dollars a été effectué directement par le ministère chinois du Commerce dans un compte au nom du MAE à la Société tunisienne de banque (STB), sans passer par le ministère des Finances, par le biais de la Trésorerie générale».
Soupçonnant le ministre de malversation financière, la blogueuse a demandé, donc, l'ouverture d'une enquête
Par ailleurs, un groupe de 25 avocats vient de porter plainte contre Rafik Abdessalem à la suite de ces révélations.
Ainsi, plaintes et contre-plaintes pleuvent, la journaliste ayant elle-même décidé de poursuivre en justice, outre Rached Ghannouchi, chef du parti Ennahdha, qui «l'a accusée de travailler pour Kamel Eltaïef», les avocats Fethi Laâyouni et Raja Haj Mansour, qui l'a traitée dans une vidéo de «femme de mauvaise vie» ainsi que 300 autres facebookers qui l'ont accusée d'être «une transfuge du RCD et un agent de puissances étrangères».
Cette affaire ayant fait couler beaucoup d'encre, de salive et suscité une pluie de plaintes et une grande polémique sur la Toile, la scène politique et médiatique, La Presse a donné la parole à Olfa Riahi qui évoque, ici, ses motivations et fournit d'autres explications sur toute cette affaire.
Comment avez-vous eu accès à des informations aussi confidentielles ?
Un journaliste d'investigation a plus d'une source. Dans cette affaire, j'ai environ neuf sources que je remercie et que je protégerai contre vents et marées et que je ne révélerai même pas sous la torture.
Mes sources appartiennent à différents domaines, entre ministères, banques, juges, avocats, police. Car je devais avoir l'identité exacte des principaux protagonistes de l'affaire.
Je me suis même renseignée auprès du domaine bancaire chinois pour confirmer l'authenticité de certains documents, car il est facile de manipuler un journaliste par de faux documents.
Vos sources sont-elles conscientes des risques qu'elles courent d'autant qu'elles peuvent être découvertes, surtout au sein de l'administration ?
Mes sources sont conscientes des risques qu'elles couraient au moment de la révélation de l'affaire car quand on dispose d'un dossier pareil, on demande toujours l'autorisation à ses sources : sont-elles prêtes à assumer jusqu'au bout les risques courus?
Elles ont toutes, sans exception, répondu par l'affirmative même celle qui a été grillée, autrement dit découverte.
On vous accuse de profiter d'informations dont disposeraient, selon certains, des détectives privés et autres dossiers que pourraient détenir d'anciens fonctionnaires du ministère de l'Intérieur prêts à les monnayer ?
C'est la première fois que j'entends parler de détectives privés et de telles pratiques. Bien au contraire, je lutte pour qu'une bonne partie des archives politiques soit ouverte au public et exploitée.
En revanche, on m'a accusée de travailler pour telle personne ou telle puissance étrangère : Rached Ghannouchi m'a accusée de travailler pour Kamel Eltaïef. Or, je suis l'une des détractrices de ce dernier. Des facebookers ont avancé que ce sont les renseignements sionistes et les renseignements français qui se trouvent derrière mes révélations.
D'autres ont désigné une partie du mouvement Ennahdha, qui connaît une guerre interne, et enfin certains ont accusé le président Moncef Marzouki de m'avoir refilé les documents.
On vous a même accusée d'être une transfuge du RCD...
Je n'ai jamais adhéré ni milité au sein du RCD et j'avise les 300 facebookers qui ont porté ce genre d'accusations que je vais porter plainte contre eux.
Etes-vous sympathisante au adhérente au CPR?
Je suis sympathisante. Je connais un bon nombre de dirigeants et de militants du CPR et d'autres partis également.
Mais idéologiquement, je partage parfaitement les propositions et les credo du CPR.
Certains pensent que vous travaillez pour le CPR et Hédi Ben Abbès, secrétaire d'Etat au MAE, qui aurait des vues, selon certains, sur le poste de Rafik Abdesalem ?
J'ai vu deux fois dans ma vie M. Hédi Ben Abbès. Il a d'ailleurs déclaré dans les médias qu'il n'avait aucune prétention sur ce poste et qu'il n'y était pas proposé et a même appelé à l'ouverture d'une enquête sur les présomptions de malversation. De son côté, M. Mohamed Abbou m'a envoyé un message exprimant son soutien à la liberté de la presse et au journalisme d'investigation.
Abbou a également condamné le communiqué de soutien du gouvernement à Rafik Abdessalem avant l'ouverture et l'aboutissement de l'enquête.
Avez-vous d'autres documents à révéler sur cette affaire ?
J'ai d'autres documents, notamment la réponse du ministre des Affaires étrangères à la correspondance du ministère des Finances lui demandant de couvrir le reliquat du Forum sino-arabe qui s'est déroulé en mai 2012, le virement du ministère du Commerce chinois ayant eu lieu le 18 juillet 2012.
Êtes-vous optimiste quant à l'issue de cette affaire?
La déclaration du ministre de la Justice Noureddine Bhiri hier sur Shems FM me rend optimiste. Le ministre a indiqué que tout le monde était égal devant la loi. Il a précisé que le ministère public avait ordonné, mercredi dernier, l'ouverture d'une enquête pour vérifier ces présomptions de malversation financière.
Il a également déclaré que la lutte contre la corruption, la condamnation de ses responsables et l'application de la loi sont la priorité de la révolution, quels que soient les personnes soupçonnées, leur nom et leur position sociale ou politique.
Ainsi contrairement à la majorité des Tunisiens, je suis optimiste. J'ai adoré la déclaration de Bhiri et je la considère comme un bon présage car j'estime qu'il existe un bon nombre de juges honnêtes pour rendre justice de manière équitable.
L'enquête pouvant révéler que le présumé coupable ne l'est pas et peut être innocenté.
Et s'il est innocenté, ne craignez-vous pas d'être inquiétée ?
Non ma position juridique est légale et ne m'expose à aucun danger. Je n'ai émis que des soupçons et de fortes présomptions et non des accusations et je suis responsable de ce que je dis et si les journalistes et d'autres gens sur les réseaux sociaux font des interprétations, ce n'est pas mon problème.
Au final, Bhiri a déclaré que le ministère public a ordonné l'ouverture d'une enquête. C'était mon objectif, je l'ai atteint.
L'ouverture d'une enquête officielle est une réussite.
Pourquoi avez-vous fait des excuses à la principale protagoniste ?
J'ai fait des excuses à cette femme parce qu'en fait, j'avais parlé de présomptions, les gens ont interprété à leur manière et ça m'a fait mal. C'est l'héroïne d'une semaine, car c'est grâce à elle que les gens se sont intéressés à cette affaire.
Au départ, je n'allais pas révéler la facture concernant la nuit de l'invitée du ministre, mais c'est justement cette facture qui pourrait prouver la dilapidation des deniers publics, dans un but non professionnel.
J'ai fait des excuse parce que je suis humaniste et mon but ce n'était pas cette femme, mais l'argent public. Quand Haj Mansour m'a traitée de tous les noms, mon frère et mes parents ont eu mal aussi.
Votre famille n'a-t-elle pas peur pour vous ?
Ma famille sait que je n'ai pas peur et que je travaille pour une cause noble et pour le bien de mon pays.
Est-ce là justement le but unique de vos investigations ?
Cela fait deux ans que j'écris, j'ai déjà réalisé en mai dernier une investigation sur les deux jeunes facebookers de Mahdia qui ont fait des caricatures portant atteinte au Prophète Mohamed, très médiatisée au plan international, mais pas au plan national car Olfa Riahi est détestée intra-muros, car les gens n'arrivent pas à me cerner puisque je suis contre la marginalisation des islamistes et des salafistes qui conduit à la radicalisation mais en revanche pour l'exclusion des rcédistes pour 5 à 10 ans au minimum.
Je suis de formation économique, j'ai étudié à l'Ihec mais j'ai suivi une formation de journaliste à Paris. J'enseigne actuellement le journalisme à l'université de Paris à Tunis niveau master. Outre six autres modules, j'enseigne le journalisme d'investigation afin de démontrer que le jour où il n'y aurait plus de presse libre, il n'y aura plus de démocratie.
Le journalisme d'investigation demande du temps et des moyens . Actuellement, dans le monde, ce genre est à l'agonie car il dérange beaucoup. C'est un réel contre-pouvoir.
Depuis deux ans, je mène une enquête sur le 14 janvier, mais je ne suis pas encore parvenue à un résultat définitif pour le présenter à l'opinion publique.
Parfois je n'ai pas de quoi payer mon loyer car je dédie tout mon temps à l'investigation. Aujourd'hui en Tunisie, il y a Nawat et moi qui pratiquons l'investigation. Médiapart a voulu ouvrir «Médiapart Maghreb» mais ils n'ont pas trouvé des journalistes formés dans le genre. Le projet est donc tombé à l'eau.
J'ai, enfin, dédié ce dossier à Soufia Baraket qui a longtemps cherché des financements pour ouvrir une agence dans cette spécialité. En vain.
Je crois que ce dossier a permis aux gens de connaître la nature du journalisme d'investigation.
Qu'avez-vous à dire ici et maintenant à Rafik Abdessalem ?
Je n'ai absolument rien à lui dire. Je ne visais pas la personne, mais le ministre.
Dans toutes mes déclarations, intentionnellement ou pas, j'ai demandé l'ouverture d'une enquête pour savoir s'il y a eu malversation.
Eux ont choisi un procès médiatique et non juridique. Car quand on n'a rien à se reprocher, on dépose illico presto une plainte. Maintenant qu'une enquête est ouverte, la justice dira son mot.


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