Au poste frontalier de Ras Jédir, les déclarations émises par le Premier ministre, notre ambassadeur à Tripoli et le gouverneur de Médenine sont mises en application. En effet, hier, de bonne heure, les sit-inneurs libyens qui se tenaient de l'autre côté de la frontière n'étaient plus en place et ne bloquaient plus le passage avec leurs véhicules. Certains camions ont franchi la frontière et le trafic a repris, petit à petit, son cours normal dans les deux sens.Et comme promis, les autorités tunisiennes ont renforcé les patrouilles mixtes de sécurité ( forces de l'ordre, gardes nationales et militaires ) sur le tronçon Ben Guerdane-Ras Jédir. A ce propos, M. Ammar M'hamdi, secrétaire général de l'Ugtt, nous confie : «Sincèrement, l'ouverture du poste frontalier de Ras Jédir ne constitue pas une priorité pour nous, et ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt. Nous voulons des projets de développement pour créer des postes d'emploi fixes au profit de nos jeunes dans la région». Cependant, à Ben Guerdane, l'activité socioéconomique était complètement paralysée, hier, suite à la grève générale déclenchée et réussie à 100%. Les administrations, les établissements scolaires, le souk maghrébin, le marché, les boutiques... tout était fermé, à l'exception des services médicaux (hôpital, pharmacies et dispensaire), les boulangeries et certains moyens de transport. En marge de cette grève, il a été convenu d'organiser une réunion de travail au local de l'Ugtt pour choisir une délégation qui représentera toutes les couches sociales et dont la mission est de négocier prochainement les demandes formulées par les manifestants, depuis longtemps, avec les parties concernées. Une manifestation pacifique assez bien encadrée par les organisateurs a sillonné les artères de la ville, sans chercher à provoquer au départ les forces de sécurité qui la guettaient ou à causer des dégâts aux biens publics. En signe de soutien à la grève générale, une marche pacifique a eu lieu hier matin à partir du siège de la délégation et a parcouru pacifiquement les artères de la ville. Mais, arrivée au grand rond point, à la place du Maghreb arabe et plus précisément en face du poste de police, au début de la route qui mène vers Ras Jédir, elle a rapidement dégénéré. Des provocations, verbales au début, émanant de quelques jeunes participants, se sont transformées par la suite en jets de pierres de la part des manifestants qui se sont approchés des policiers. Ces derniers n'ont pas attendu pour riposter. ils ont usé des bombes lacrymogènes pour disperser la foule, créant ainsi une scène de panique générale. Les manifestants ont fini par incendier le commissariat de police et les agents se sont retirés ;des témoins oculaires, sous le couvert de l'anonymat, parlent même de la prise de quelques armes. Le poste de la douane qui jouxte le poste de police, au centre-ville, a été également incendié. Les manifestants se sont emparés de ce qu'ils ont trouvé dedans, ainsi que des équipements de travail comme les ordinateurs. Les forces de l'ordre et les agents de la douane ont préféré se retirer parce qu'ils ont refusé de tirer sur les manifestants, selon une source sécuritaire.Des forces militaires ont été dépêchées de Zarzis et de Ben Guerdane pour les remplacer provisoirement. La situation a dégénéré en peu de temps et s'est répercutée sur le trafic à Ras Jédir qui s'est ralenti, par mesure de précaution.