Décidément, malgré toutes les tentatives effectuées pour trouver une solution définitive au poste frontalier de Ras Jédir, le trafic entre les deux pays reste irrégulier et la sécurité n'est pas assurée de part et d'autre. Dans ce contexte, des chauffeurs libyens maintiennent leur sit-in, depuis un mois environ, de l'autre côté de la frontière.Ils ne laissent pas passer les camions chargés de marchandises dans les deux sens. Le camion libyen incendié à Gafsa, après avoir écrasé une fille, est la goutte qui a fait déborder le vase. Ces sit-inneurs revendiquent des indemnisations et exigent plus de sécurité, et par écrit, nous dit une source digne de foi, à Ras Jédir. Mais, en dépit des réunions bilatérales qui ont eu lieu entre les autorités des deux pays, la situation est toujours la même. Le poste est encore fermé du côté libyen et on ne laisse passer que les voitures privées, les ambulances et les piétons. Le gouverneur de Médenine a déclaré, la semaine écoulée, au terme d'une séance de travail tenue à Ben Guerdane, que pour plus de sécurité, des mesures de précaution vont être prises et les patrouilles mixtes vont être renforcées sur la route Ben Guerdane-Ras Jédir, pour assurer plus de sécurité à nos frères libyens, toujours en vain. Un mois sans échanges commerciaux a pesé sur l'activité économique au sud-est, en plus des promesses non tenues. C'est la raison pour laquelle les commerçants de Ben Guerdane ont organisé une manifestation pacifique, samedi soir, pour faire pression et obliger les autorités à intervenir au plus haut niveau ; surtout quand ils ont entendu parler dernièrement d'un éventuel aménagement du poste Wazen-Dhéhiba, d'un côté, et de l'utilisation de la voie maritime, à partir de Radès, Sfax et Zarzis, de l'autre. Des pneus ont été incendiés dans les ronds-points de la ville. Pour disperser ces manifestants, les forces de l'ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes et la situation a vite dégénéré. Les confrontations entre les deux clans ont duré jusqu'à l'aube. Hier matin et après une accalmie de courte durée, les conflits ont repris de nouveau. Les protestataires ont tenté d'attaquer le poste de police, sis au début du tronçon qui mène vers Ras Jédir. Puis la tension est montée dans toutes les rues de la ville. Bombes lacrymogènes d'un côté et jets de pierres de l'autre. Une panique générale a sévi au centre-ville.Le souk maghrébin et le grand marché de légumes et fruits sont fermés. Les commerçants font de même et rentrent tôt, à midi, quand des forces de l'ordre sont venues en renfort. Quelques citoyens de la société civile cherchent à intervenir pour apaiser la tension. Ils tentent d'impliquer les sages et les chefs de tribus, surtout quand ils ont appris qu'une délégation spéciale présidée par le Premier ministre, M.Jebali, se rendra bientôt à Tripoli. Tout le monde est dans l'expectative et les deux clans sont aux aguets.A Ras Jédir par contre, la situation est calme.Le trafic est lent, mais pas de confrontation.