Si de nombreux Tunisiens ont accueilli la nouvelle année avec l'espoir de grimper davantage dans l'échelle sociale, d'autres Tunisiens l'ont accueillie avec une dose supplémentaire de pessimisme. Pour ces derniers, les jours se suivent et se ressemblent et les prémices de lendemains meilleurs semblent être, loin du brouhaha politique, quasi-absentes. Entre chômeurs bronzant sur les terrasses des cafés et décideurs «coincés dans leurs bureaux», selon l'expression de ce jeune homme ayant beaucoup souffert d'une «idiote bureaucratie», la confiance est à restaurer. C'est là que réside, à bien des égards, tout l'enjeu d'une paix sociale à travailler dès la base. Tout autant qu'un affrontement demandeurs d'emploi-décideurs et entreprises qui ne date pas d'aujourd'hui, mais qui semble persister. Reste à retenir qu'alors que des jeunes frustrés se plaignent des injustices, accusent et se révoltent, des décideurs semblent œuvrer à garder le pont et à tout faire pour les rassurer... Qu'est-ce qui a à ce niveau changé depuis deux ans? Le «nouveau» rapport qu'entretiennent les établissements de crédits avec les jeunes porteurs d'idées de projet est à cet égard assez éclairant. Cas de la BTS et de la Bfpme. La Banque Tunisienne de Solidarité (BTS), cet établissement financier à vocation sociale, compte se spécialiser dans la micro-finance afin de créer plus d'opportunités d'emploi. En effet, la convention récemment signée avec le cabinet international canadien Desjardins s'inscrit dans ce sens. Ce cabinet de services financiers a pour mission de protéger les membres des caisses qui acquièrent des fonds de placement ou obtiennent une planification financière de l'un de ses représentants. Il exerce en s'assurant de la conformité des pratiques de ses représentants en épargne collective et de ses planificateurs financiers, ainsi que du traitement des plaintes qui sont déposées contre l'un de ces derniers. La BTS ou la carte de la proximité Cette nouveauté témoigne, selon le président-directeur général de la BTS Mohamed Kaâniche, d'un nouvel esprit pour ce qui est de l'apport de la Banque dans la question de l'emploi. Un apport qui ne dépend pas uniquement du financement et des garanties nécessaires, mais également, de bien d'autres facteurs. Le premier de ces facteurs consiste, en effet, à rapprocher les représentants des différents vis-à-vis du jeune promoteur pour les rassembler dans un complexe aidant le demandeur d'emploi à agir efficacement en gagnant du temps. M. Kaâniche compte remonter l'idée à l'autorité de tutelle afin de doter l'institution qu'il préside d'un rôle plus significatif dans l'élaboration de nouvelles démarches profitables à tous. Ce responsable, à la base banquier qui vient de débarquer à la BTS, a également la ferme conviction que la Banque doit disposer d'une cartographie des régions, de fiches de métiers et de représentants régionaux connaisseurs du potentiel de chaque zone pour une meilleure adéquation région-projets. Comme il envisage de mettre en place une structure chargée de l'encadrement du promoteur et du suivi des différentes phases du projet. Le même interlocuteur émet un message rassurant aux jeunes qui comptent solliciter les services de la banque. Ce message rassurant admet comme racine la récente signature d'un contrat de rétrocession entre la banque et l'Etat tunisien pour bénéficier d'un crédit de la Banque islamique de développement. Le montant de ce crédit estimé à 50 millions de dollars (près de 75 millions de dinars) servira donc à élargir la sphère des bénéficiaires de crédits pour intégrer de plain-pied le marché du travail. Cette source de financement qui vient s'ajouter, selon M. Kaâniche, à d'autres sources, telles que la Banque centrale, le Fonds national de promotion de l'artisanat et des petits métiers et le Fonds arabe de développement économique et social aidera à élever la moyenne de financement à 10 mille projets par an. Sachant que la BTS a accepté au cours des dix derniers mois de 2012 cinq mille dossiers qui devaient créer 8.700 emplois. Les projets montés sont répartis sur différents secteurs : 50% concernent le secteur des services, 23% les petits métiers, 23% l'artisanat et 4% l'agriculture. Le directeur général de la BTS pense également que la création d'une société anonyme d'un capital de 3 millions de dinars pour financer des projets dont le coût ne dépasse pas 20 mille dinars est un acquis «pas du tout des moindres», dans la mesure où le pouvoir central délègue plus de pouvoir aux représentations régionales. Le nouvel esprit en fonction duquel exercera la banque en 2013, puise dans la souplesse. Ceci, compte tenu de la décision récemment prise par le chef du gouvernement consistant à poursuivre le financement des associations qui ont réussi à recouvrir 70% au lieu de 80% de leurs avoirs. Toutes ces mesures pourraient constituer, selon M. Kaâniche, le socle d'un nouveau contrat de confiance entre demandeurs d'emploi et sources de financement.