Libres et multiples, figuratives et abstraites sont les créations de Sémia Achour qui obéit à une indépendance intelligente. On a pu découvrir cette vérité et bien d'autres encore à travers son exposition qu'abrite, depuis mardi dernier, son espace portant son propre nom. Cette Tunisienne, originaire de Kairouan, rend hommage à travers ses tableaux à sa ville natale, tout en évoquant ses souvenirs d'enfance, d'où l'intitulé de l'exposition : «memories». Entre acrylique et huile sur toile, les éléments puisés à partir du naturel, du vivant comme du symbolique, sortent de leur enveloppe et de leur gangue pour se renouveler d'un trait sûr et distingué. La douceur des couleurs, que l'artiste emploie, est comme une poésie qui émane de ses toiles, reflétant un regard sur une enfance vécue au sein d'une famille kairouanaise enracinée dans les anciens quartiers de la vieille ville. La couleur et la lumière y modèlent les formes, parlent le langage de l'émotion, du sentiment et du cœur, tout en structurant les toiles dont elles mettent en exergue les riches compositions. Outre la maîtrise incontestable du trait, c'est toute l'invention du peintre qui est ici mise en relief. Que le corps ou le visage ne comportent pas de contour, ou qu'ils ne soient, au contraire, qu'un contour sans aucun signe, la même force d'expression les habite. On est, ainsi, saisi par ces formes et ces silhouettes plongées dans des halos de couleurs sur lesquelles on prend du plaisir à naviguer, parce que tendres et empreintes de lumières comme mystiques...lumières de la création et du savoir-faire. En contemplant des œuvres comme : Les lumières de la Médina, L'espace de mon enfance ou Les dédales de la Médina, nous sommes envahis de clarté, de parfums, de couleurs... et emportés par un sentiment de nostalgie, tantôt douce, tantôt amère. Une exposition qui vaut certainement le détour!