Reconnaissons tout d'abord que la piètre prestation des joueurs de l'équipe nationale ainsi que l'entêtement morbide de notre sélectionneur national ainsi que l'apparente absence de personnalité de ses adjoints, qui cautionnent sans broncher des choix tout ce qu'il y a de plus contestables, ne sont pas faits pour «inspirer les analystes et les commentateurs». Mais... pourquoi le téléspectateur doit-il payer les insanités de cette prose, débitée par ces respectables personnalités qu'on nous impose (à l'exception de quelques-uns qui sont bien dans leur élément) qu'on affuble «d'analystes» ? Pour en être convaincu, il n'y a qu'à s'amuser à enregistrer ce qui se dit sur les plateaux. Et c'est sans exception. Que ce soit sur les nôtres ou sur ceux qui sont censés être « spécialisés : on répète les mêmes paroles, on va au-devant des mêmes conclusions et on soutient les mêmes raisonnements, à chaque match, quelles que soient les rencontres. A croire que le «bagage» dont se munissent nos « spécialistes- analystes «est un standard immuable valable en toutes périodes et dans toutes les conditions. Tout ce charabia est ponctué de hurlements à fendre l'âme et de vulgarité poétique de mauvais goût. N'est pas Arsène Wenger qui veut, mais analyser une rencontre n'est pas l'expression de quelques sentiments ou encore moins se livrer à d'étranges incantations où les vœux et les prières se surpassent sur fond de croyances déplacées et qui n'ont rien à voir avec un plateau de télévision. L'association d'un commentateur et d'un analyste, une initiative que nous nous sommes empressés de mettre en application, depuis que les stations étrangères l'ont mise en place, sert de nos jours de tremplin de relance ou de lancement pour des techniciens en perte de vitesse ou à la recherche de travail. Ce n'est pas un tort, mais à condition de respecter l'intelligence du téléspectateur. S'il n'est pas interdit de se reconvertir pour demeurer utile, il est aussi recommandé de savoir tirer sa révérence lorsqu'on sent que l'on n'a plus rien à donner. Rappelons que cette méthode d'accompagnement a été surtout adoptée lors de la poussée des violences qui s'étaient emparées des stades européens. Elle visait tout simplement « l'éducation » du téléspectateur. On s'attachait en premier lieu à lui expliquer les éventuelles erreurs d'arbitrage ou les tenants et les aboutissants d'une stratégie adoptée par tel ou tel technicien. Elle avait donc avant tout un rôle sociologique et pédagogique. Expliquer une faute arbitrale ou conforter une décision de l'arbitre, étayer les choix techniques d'un entraîneur constituent des moyens d'apaiser les récalcitrants et d'éviter les confrontations. Et cela a marché. Cette association a fait ses preuves, tant et si bien qu'entendre les explications de techniciens hautement qualifiés était devenu un apport certain. Cela permet de comprendre un système de jeu, les calculs ou les erreurs stratégiques ou tout simplement les tenants et les aboutissants d'une réaction enclenchée par un technicien. Et aux concepteurs de cette méthode de conclure qu'il fallait la renforcer, étant donné son apport pédagogique surtout auprès des jeunes et son impact sociologique au niveau du public. Une meilleure compréhension des systèmes de jeu, une tolérance assez encourageante vis-à-vis de l'arbitrage, la mise à nu ou la mauvaise application des directives de la part de joueurs indisciplinés ont fini par inciter les concepteurs à spécialiser les intervenants en faisant appel à des personnes dotées d'un charisme certain et d'une capacité d'élocution incontestable. De grands techniciens (de la discipline concernée ou de l'arbitrage) servent sur les plateaux de télévision française, anglaise ou italienne. Nous n'en sommes pas là, et si quelques-uns tirent leur épingle du jeu et nous semblent capables de remplir ce rôle éducatif et complémentaire, d'autres n'y ont rien à faire. Un simple commentaire, où on se garderait d'insulter l'intelligence du téléspectateur, nous semble suffisant. Le temps de former et de découvrir des éléments capables d'apporter le plus souhaité.