Nous ne savons pas si nous aurons réponses à nos questions, mais celles-ci valent la peine d'être posées Pas besoin de revenir sur les détails de la prestation de notre équipe de Tunisie contre la Côte d'Ivoire. C'est modeste comme bilan, sombre comme image et très décevant comme impression. Nous sommes passés à côté de la plaque, ni plus ni moins. Les trois points décrochés sur un coup de génie de Msakni, contre l'Algérie, nous ont certainement permis un faux pas sans compromettre nos chances. Mais de là à refaire les mêmes erreurs, avec l'absence d'inspiration et le même relâchement, c'est là une chose à laquelle on ne s'attendait pas du tout. C'est vrai que nous avons senti que l'équipe de Tunisie, version CAN 2013, mal à l'aise depuis les matches amicaux. C'est vrai aussi que nous avions mis en garde le staff de la sélection contre les défaillances du modèle tactique. Mais c'est apparemment tombé dans l'oreille d'un sourd! Voilà 5 questions que nous posons au sélectionneur national. Des interrogations sur le «malaise» de la sélection. Le destinataire? Sami Trabelsi, bien sûr, sujet de toutes les contestations. Il est passé en quelque temps d'un entraîneur qui contrôle bien la situation et bénéficiant d'un capital sympathie à un autre qui n'arrive plus à gérer la situation interne et externe. 1. Pourquoi avoir choisi de jouer avec la même configuration de jeu, le 4-3-2-1, avec encore une fois un mauvais casting? Toute la Tunisie sportive a été unanime après le match de l'Algérie : la copie était très mauvaise. Ce but de M'sakni à la fin du match était un vrai «hold-up». C'était très bien de gagner, mais il fallait éviter les erreurs de casting commises. Hicheri s'en va, Ifa retrouve l'axe de la défense, mais on joue avec le trio de récupération et de relance : Mouelhi, Traoui et Hammami. En plus, on lance Ben Youssef (joueur de talent) à la pointe de l'attaque. Trois changements d'hommes, mais avec le même modèle de jeu. Un modèle qui a très bien fonctionné l'année dernière à la CAN, mais qui n'a pas marché cette année. Ça n'a pas eu d'effets sur Sami Trabelsi, pour qui le 4-3-2-1 était l'unique plan possible. Mauvais choix, mais surtout pas d'animation et de mouvements étudiés. 2. Pourquoi on lance Darragi en seconde mi-temps et on change le plan de jeu après toute une mi-temps ratée? Fallait-il perdre une mi-temps pour rentrer dans le match? Le même changement à la mi-temps : Darragi entre pour équilibrer l'entrejeu et donner des espaces à M'sakni et à Khelifa. Même diminué physiquement, ce Darragi est capable de tout sur un geste technique, sur un une-deux, sur une balle arrêtée. Et chaque fois qu'il rentre, les milieux défensifs avancent d'une dizaine de mètres et relancent mieux la balle. Mais pourquoi ne pas avoir commencé avec lui, quitte à ce qu'il dose ses efforts. En deux matchs, la sélection a perdu les deux premières mi-temps. On n'est pas allé en Afrique du Sud pour commencer à jouer à partir de la 46', cela prouve une chose : Trabelsi, obstiné, n'a pas voulu reconnaître ses erreurs. 3. M. Trabelsi : comment expliquez-vous cette attitude «humiliante» envers Wissem Ben Yahia? Vous le faites jouer lors des quatre tests, mais vous l'ignorez complètement par la suite... S'il y a un joueur lésé en cette CAN 2013, ce sera Wissem Ben Yahia. Compétitif en Turquie (le seul à l'entrejeu), joueur de cran, polyvalent, balle au pied très intéressant et beaucoup d'application, comment peut-on se passer d'un joueur pareil?! Nous avons vu la prestation de Traoui, Mouelhi et Hammami, pas de quoi pavoiser. M. Trabelsi, Ben Yahia mérite-t-il d'être humilié alors que c'est l'un de nos meilleurs joueurs tunisiens de la dernière décennie? M. Trabelsi, vous avez utilisé Ben Yahia lors des 4 matches amicaux? Qu'est-ce qui s'est passé entre-temps? C'est si louche, ce cas Ben Yahia. Il y a beaucoup à dire à ce sujet : le «clanisme» des années 90 est revenu en sélection : il y a quelques joueurs (et c'est malheureux de le dire) qui font leur loi. Ben Yahia en a payé les frais à la CAN 2012... et 2013. 4. Comment peut-on expliquer cette hésitation dans la façon de jouer de notre sélection? C'est si difficile à croire. Cette sélection tunisienne a pris tout le temps qu'il faut pour préparer la CAN. Stages de luxe au Golfe, tests amicaux de valeur, mais toujours avec une hésitation criarde. M. Trabelsi, vous qui êtes le premier responsable technique, vous n'avez pas apporté des arguments défendables pour expliquer la pérméabilité de la défense, les mauvais choix d'hommes et le profil bas dans les deux premiers matches. On ne l'a pas reconnue, votre équipe, monsieur le sélectionneur. Elle trébuchait, elle souffrait, alors que vous êtes passif. 5. Comptez-vous reconnaître vos erreurs et tout reprendre en main? L'humilité, c'est la qualité des grands, M. Trabelsi. Vous avez commis beaucoup d'erreurs. Votre équipe a perdu de son charme et de son courage. Mais on ne vous pas entendu reconnaître la vérité. Vos déclarations nous semblent bizarres; on a l'impression que vous avez regardé un autre match. Prière, M. Trabelsi, regardez le match avec vos joueurs encore une fois. Vous étiez très faibles et prenables. Etes-vous prêt à tourner la page et à prendre les bonnes décisions?