Pendant les JCC 2010 et dans le cadre de l'hommage rendu à l'artiste tunisien Hédi Jouini, un extrait du work in progress «Papa Hedi» a été projeté. Ce film est signé Claire Belhassine, sa propre petite-fille. Aujourd'hui, le documentaire est fin prêt. Il dure 52 minutes et a figuré dans la sélection officielle du Festival du film arabe, qui s'est tenu du 11 au 21 octobre 2012, à San Francisco, Berkeley, San Jose, Los Angeles et San Diego. Claire Belhassine est tunisienne de père et anglaise de mère. C'est un pur hasard qui la mettra sur le chemin de ce film quand le chauffeur d'un taxi, d'origine algérienne, qu'elle avait pris à Paris, lui expliqua que la chanson qu'ils étaient en train d'écouter est interprété par le Frank Sinatra de la Tunisie, Hédi Jouini. Ce nom qui est celui de son grand-père porte également une grande part de mystère pour la jeune dame. Elle n'a en effet jamais écouté son répertoire, et c'est derrière la question «Comment cela est-ce possible ?» que l'idée du documentaire est née. «Papa Hedi» est, donc, une histoire de famille, plus précisément «d'amour, de famille, de célébrité et de musique», selon sa réalisatrice. Le Hédi Jouini qu'elle cherche à mettre en évidence peut être résumé par les mots de son fils Naoufel, qui écrit dans son ouvrage « Hédi Jouini, la trace d'un géant » (2010) : «J'ai mis le nez dans une montagne d'archives le concernant et, au fur et à mesure que je pénétrais son univers, l'homme qui, dans mes souvenirs d'enfant semblait inabordable, autoritaire et toujours absent, focalisé sur son art, la musique, allait prendre l'aspect d'un géant de la chanson arabe, ce que j'ignorais totalement et que j'allais découvrir. J'ai compris alors qui était Hédi Jouini et je suis tombé en amour pour ce père qui m'a tant manqué». C'est un peu le même processus, filmique toutefois, que suivra Claire Belhassine dans son œuvre où Naoufel est un témoin clé, mais aussi Férid, son père et fils aîné de l'artiste qui a choisi l'exil, et leur sœur Samia. Tous parleront d'une histoire de famille compliquée, d'une vie de famille assez particulière et de Hédi Jouini le père et l'artiste, sur fond d'une Tunisie entre celle qui a connu l'apogée de la chanson tunisienne et celle d'aujourd'hui. Le film comporte également le témoignage d'artistes comme Lotfi Bouchnaq. Dans cette quête très personnelle, Claire Belhassine entraînera les enfants de Hédi Jouini sur les traces d'une réconciliation avec la mémoire de leur père. Elle pose des questions auxquelles elle cherche des réponses. Et à notre tour on se pose la question de savoir quand ce film arrivera en Tunisie !