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Un nom gagné à l'arraché
Vient de paraître: Hédi Jouini, la trace d'un géant de Naoufel Belhassine
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 01 - 2010


L'idée d'un livre retraçant les principales étapes de la vie de Hédi Belhassine, plus connu sous le pseudonyme de Hédi Jouini, a obnubilé jusqu'à l'obsession son fils, Naoufel Belhassine. Il n'était, certes, ni évident ni facile d'entreprendre une œuvre d'une telle ampleur consistant à fouiner dans une montagne d'archives et de vieilles photos jaunies par le temps qui passe. Ce travail l'a accaparé ces dix dernières années, lui et son épouse, Patricia Ferrari, au point d'avoir laissé la santé. C'est qu'il a trop présumé de ses forces. Soixante-cinq ans de carrière dans la vie d'un créateur de génie, auteur de 1.070 chansons, 56 opérettes dont 700 répertoriées en tout, et cela sans tenir compte des reprises de ses standards, ce n'est guère facile à gérer. Voilà toute une vie consacrée à l'art que Hédi Jouini a exercé avec amour, passion et dévouement.Une carrière exemplaire, digne de respect dont il a gravi les échelons pas à pas, à telle enseigne que sa réputation de «crooner» a fini par gagner l'ensemble du monde arabe et bien au-delà. Hédi Jouini a dû suer sang et eau et fournir des efforts considérables pour s'imposer à une époque marquée par des tensions de tout ordre (nous étions à la veille de grands bouleversements à l'origine du déclenchement de la IIe Guerre mondiale), guère favorable à l'épanouissement de talents artistiques. Un désamour qui va perdurer L'émotion à la lecture du livre est si palpable qu'on arrive à la toucher. Le fils n'a pratiquement rien connu de ce père dont les absences répétées sont très mal vécues par la famille. Une absence qui a profondément perturbé et peiné l'enfant qu'il était; mais aussi elle a attisé la flamme d'un amour filial longtemps enfoui sous des cendres endormies. Naoufel a voulu témoigner toute sa gratitude à ce père dévoré par le démon de l'art en utilisant des mots qui transpercent le cœur, des mots surgis du plus intime de son être. En toute humilité, il confesse, sans vanité aucune et avec une spontanéité désarmante, ses torts ainsi que son incapacité d'avoir si mal compris un père qui vouait pour son art un culte sacerdotal qu'il a servi avec dignité et honneur. Pour le lecteur profane, ce livre est en quelque sorte un défi relevé par le fils dans le but de révéler les facettes cachées d'une vie où les zones d'ombre sont étalées au grand jour. C'est avec une insoutenable émotion que nous découvrons le drame de la naissance du père, lié à l'abandon de ses parents, surtout de la maman, la séduisante Fatma. Que peut-il espérer d'un père qui, à la suite d'un échec scolaire, le tance en ces termes : «Il n'y a rien à faire de toi! Je n'en suis pas étonné, puisque je t'ai conçu avec mon sexe et non avec mon cœur»? Recueilli par sa grand-mère, il a mené une enfance tout ce qu'il y a de plus ordinaire à Bab Djedid, jusqu'au jour où, rattrapé par le démon du chant et harcelé par ce credo qui veut que rien de grand ne s'accomplit dans le monde sans la passion, il tombe mains et poings liés dans le monde de la chanson. Servi par un physique de jeune premier, il est souvent comparé à Errol Flynn, Clark Gable et même à Robert Taylor. Hédi brûle les étapes de la célébrité. Désormais, il navigue dans les hautes sphères. Il se produit au Théâtre municipal, au Casino du Belvédère, à la Tour blanche de Gammarth et dans les casinos de La Goulette et d'Hammam-Lif et partout dans les salons mondains et jusque dans les demeures princières. Il fréquente également le milieu des poètes et des artistes bohèmes, en marge du conformisme social, voire d'une certaine respectabilité. Ils avaient pour noms M. Bourguiba, J. Naccache, A. Khéreddine, A. Douagi, S. Khémissi, S. Khalsi, Chafia Rochdi, etc. C'était l'époque de «Taht Essour» (sous les remparts) qui a vu naître les plus belles chansons du répertoire de la deuxième moitié du XXe siècle. Une poésie suprêmement belle, exprimant les déboires et les échecs sentimentaux d'une élite bourgeoise cultivée et raffinée. Apprécié de la communauté juive, il a fini par épouser en 1941 la jolie Ninette Belhassen, chanteuse et danseuse très connue et fille de la célèbre actrice et chanteuse Julie Abitbol, dite Julie La Marseillaise. Ninette se faisait appeler Wided, du nom du film éponyme d'Oum Kalthoum dont elle était une grande admiratrice. Ensemble, ils ont fait du cinéma en France et au Maroc. C'était en 1946, année où elle abandonne définitivement la scène. Naoufel Belhassine nous révèle plein de détails et d'épisodes insolites sur ce qu'ont été ses rapports avec les célébrités de cet âge d'or de la chanson, des vedettes de toutes origines, des artistes, des intellectuels, de grands musiciens et même des dignitaires religieux. Des détails croustillants sur ses nombreux séjours à Paris, au Caire avec Abdelwahab, Oum Kalthoum, Ferid Al Atrache, sa sœur à la fatale beauté Ismahane, Abdelhalim, Beyram Tounsi, Zakaria Ahmed, à Rabat et à Alger où, précédé par sa redoutable réputation de «tombeur de dames», il a brisé plus d'un ménage. Le livre comporte une riche rétrospective de portraits d'anciennes gloires de la chanson telles Louisa Tounsia, Ratiba, Julie Abitbol et bien sûr la très belle Wided, son épouse, dont il était si violemment épris, qu'il a tendrement aimée et qui lui a donné six enfants. «Enfant, je n'ai rien connu de ce père si peu présent. J'ai mal vécu ses longues absences qui ont vite fait naître en moi un désamour insupportable à vivre. Mais à sa mort en 1990, j'ai fouillé dans son passé. Au fur et à mesure que je pénétrais dans son univers, j'ai réussi à percer son secret et découvrir qui était-il véritablement. J'ai compris alors de quoi il en revenait de ce monument qu'était Hédi Jouini. Je suis tombé alors en amour pour ce père qui m'a tant manqué et que je continuerai à pleurer», écrit Naoufel Belhassine. –––––––––––––– * Hédi Jouini, la trace d'un géant de Naoufel Belhassine, Editions Bénévent, Paris, janvier 2010.

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