Afin de mesurer l'efficience des transferts sociaux en Tunisie, l'Institut national de la statistique (INS), le Centre de recherche et des études sociales (Cres), et la BAD ont entrepris une étude sur la performance du système des subventions en Tunisie. Une étude qui vient à point nommé, puisque tout un débat est en train de voir le jour faisant valoir que la politique de subvention actuelle profite plus aux riches qu'aux pauvres et que son coût pèse de plus en plus sur le budget de l'Etat. Les premiers résultats de l'analyse de l'enquête nationale sur la consommation et les dépenses des ménages de l'année 2010 montrent que le caractère universel (compensation indépendante du niveau de revenu) des subventions alimentaires nuit à l'efficience de cet outil en tant que mécanisme de lutte contre la pauvreté. En effet, en dépit du fait que les ménages pauvres représentent près de 15,5% de la population tunisienne, ils ne perçoivent que 12% de l'enveloppe totale des subventions. Il faut noter que les subventions jouent un rôle indéniable comme filet de protection sociale pour la population pauvre pour laquelle les subventions représentent 20,6% de la valeur totale de leur consommation alimentaire, contre 10,3% pour la population la plus aisée. Par ailleurs, les subventions alimentaires contribuent à la réduction des inégalités entre les ménages en Tunisie. En effet, l'inégalité observée en 2010, mesurée par l'indice de Gini, s'élève à 37.4%, contre 38.5% en l'absence des subventions alimentaires. Ainsi, tout ajustement du système des transferts sociaux devrait prendre en considération la complexité du mécanisme de la subvention en tenant compte de l'inefficience observée de ce système (mauvais ciblage de la population pauvre), mais également du rôle indéniable que jouent les subventions dans l'amélioration du pouvoir d'achat des plus démunis. Actuellement, des simulations sont en cours afin de déterminer l'impact des programmes publics (transferts sociaux directs et indirects via la caisse de compensation) sur l'éradication de la pauvreté en Tunisie. Les résultats de ces analyses serviront ainsi de base pour la formulation de recommandations de politiques économiques pour une meilleure efficience des ressources affectées à la réduction de la pauvreté.