Les artistes devraient exploiter et réutiliser des matériaux et autres vieux objets : morceaux de bois, verres, vieilles fenêtres, métal, tissus... Plus qu'un espace d'exposition, le salon des artistes marsois «Efesto» est un lieu de rencontre qui réunit, depuis sa création, artistes et penseurs, ainsi que de simples curieux, dans un cadre chaleureux et convivial qui porte à merveille le nom du dieu grec du feu, protecteur des forgerons et des artisans. Un feu maintenu vif par les soins de la maîtresse des lieux, Michela Margherite Sarti, qui le nourrit et l'alimente par son envie intarissable de réunir des artistes et de créer le débat avec, entre autres, les expositions d'art qu'elle organise. Ou encore en les amenant, des fois, à investir l'asphalte et à réanimer les rues banlieusardes avec des événements de rue. Elle-même plasticienne, elle n'a de cesse de perfectionner son art et de faire évoluer ses personnages féminins tout droit sortis de la culture «comics» et des bandes dessinées. Elle va jusqu'à introduire un courant artistique encore méconnu sous nos cieux et qui fait des ravages à l'étranger, le «Pop surréalisme». Pour ce faire, elle a eu la brillante idée d'inviter des artistes à s'exprimer autour de cela en organisant, en 2012, deux expositions collectives pour le moins inédites «Stay pop» et «The pop Box». Et comme elle n'est pas du genre à s'arrêter en si bon chemin, elle vient d'organiser une autre exposition collective qu'elle a intitulée «Récuper'Art». Et cette fois, Michela Sarti ne s'est pas contentée de lancer un simple appel à candidature. Mieux encore, elle a décidé de rendre les choses plus intéressantes en lançant un petit défi. En effet, les artistes devaient exploiter et réutiliser des matériaux et autres vieux objets qu'elle est allée elle-même récupérer et chiner : morceaux de bois, verres, vieilles fenêtres, métal, tissus... Ainsi, Aïcha Debbiche, Alia Kateb, Amira Hammami, Anne Turki, Donia Khouja, Hamadi Ben Neya, Irane Ouanes, Ikbel Bakalouti, Insaf Belkhodja, Ishraf Bou Sabbeh, Youssef Ben Amar, Maha Hammami, la galeriste elle-même et d'autres encore ont relevé le défi, conférant un devenir autre à tous ces déchets et objets disparates, ramassés ci et là. Myriam Koubaji Bouslam qui expose également, s'est saisie d'une vieille porte-fenêtre pour en faire un tableau-objet, investissant la surface pour y déposer papiers d'or et autres collages dans une veine pop surréaliste. Hamadi Ben Neya, de son côté, a donné corps à des objets métalliques. Michela Sarti a détourné une vieille fenêtre pour en faire un tableau lyrique, où l'on peut voir son personnage, Mimi, derrière barreaux et vitres, implorant notre attention. Irène Ouanès nous propose, quant à elle, deux tableaux où elle donne vie à des personnages hybrides faits de déchets de fer de différentes couleurs. Par ailleurs, l'on ne peut passer outre les suspensions cinétique de Donia Khouja, sorte de tubes suspendus de différentes tailles faits de collages qui viennent interpeller la vue et la réflexion. L'exposition prend fin le 3 février.