Les examens de fin d'année approchent à grands pas. Dans quelques jours, l'heure de vérité sonnera, en effet, pour des milliers de nos jeunes élèves et étudiants. Le parcours de toute une année scolaire, mais aussi, peut-être, d'une vie, en serait relativement ou encore entièrement tributaire. Certains accélèrent la cadence tout en ayant le feu au lac. D'autres cherchent à reprendre du poil de la bête. Un éveil qui semble, de près et de loin, leur unique apanage. D'espoir et d'anxiété se teintent les heures, en attendant un lendemain meilleur. Ceux qui tiennent en main leur propre destin se sont de prime abord, et certainement, mis à cultiver, quotidiennement, leur jardin, avec toujours le même souffle, la même implication et le même enthousiasme. Ceux qui gambadent dans l'immensité du hasard ne seraient autres que ceux qui avaient, un jour, oublié que celui qui sème récolte. Il va sans dire que ces apprentis du savoir, brillants et moyens, toutes catégories confondues, vivent à présent une période où joie et tristesse pourraient souvent cohabiter. Par-delà, l'objectif est à la fois noble et commun : réussir, au prix d'incessantes veillées, les examens. Apprentis du savoir : au gré des humeurs La période de révision est, selon certains, la clé de voûte de la réussite. C'est pourquoi les familles se mobilisent, tout aussi bonnement que particulièrement, pour assurer à leur progéniture une atmosphère calme, une alimentation spéciale, somme toute, des conditions confortables et propices, à la bonne préparation et, de là, au succès. «Mes parents ne badinent pas avec les études. C'est surtout lorsque les examens de fin d'année approchent qu'ils ne tardent pas à m'inscrire à des séances particulières ou de groupe», témoigne Zeïneb, candidate au baccalauréat. En effet, plus les examens approchent, plus le phénomène des cours particuliers prend de l'ampleur. Qu'ils soient aisés ou limités, les budgets familiaux y consacrent une bonne part. Les sacrifices sont, depuis, légion, afin de forger des successeurs honorant les prédécesseurs. «On cultive l'homme par l'éducation, comme l'on cultive les plantes par la culture. C'est le slogan d'une vie, notamment celle de mon père. Il y croit fermement, me le cite et récite souvent afin de pousser jusqu'au bout ma motivation. D'ailleurs, j'en suis consciente. Le savoir que l'on détient est, à forte raison, le capital des hommes», observe Ahlam, candidate elle aussi au baccalauréat, ajoutant qu'elle opte pour le travail individuel, en guise de libre répartition des matières et de concentration. Un avis que Aymen, Hajer, Nabil, Sana et Fatma, bientôt tous à l'épreuve du Bac, ne partagent nullement. Ils préfèrent, néanmoins, réviser en groupe. Pour eux, c'est un moyen incontournable pour se rattraper et saisir ce qu'ils n'avaient pas compris au cours de l'année scolaire. «Avec mes collègues, nous discutons, nous nous arrêtons sur des points clés du programme, nous avons la chance d'échanger les informations pour parvenir, finalement, à profiter chacun des connaissances de l'autre, tout en étant à l'abri de l'ennui et de la lassitude», affirme Aymen. Dans la même optique, certains élèves pensent moins à eux-mêmes qu'à leurs proches. C'est le cas de Fatma. «L'image de ma grand-mère priant pour moi me revient souvent en tête. Outre mon propre défi à relever, c'est toute une responsabilité que je dois assumer pleinement et avec brio. Pour moi, c'est un enjeu et non des moindres, en l'occurrence, non seulement contribuer à mon autosatisfaction, mais également honorer mes proches le jour J. Assurément, je dédierai ma réussite à cette tendre «mamie» qui m'aime sans compte et me veut du bien, tout le bien du monde, en fait», avance Houda. Un esprit zen et puis ça marche Nombreux sont ceux qui pensent que les examens sont avant tout une affaire de repos mental et de préparation psychologique. Il ne faut pas dramatiser la chose jusqu'à déstabiliser l'élève pour le porter inconsciemment à mettre en doute ses capacités et son aptitude à réussir comme il se doit l'échéance des examens. «J'ai une fille qui passera bientôt le baccalauréat. Toutefois, j'évite, volontiers, de lui en parler. Il suffit de ne pas la stresser pour qu'elle procède convenablement et qu'elle accomplisse ses tâches dans les règles de l'art», précise Mme Hédia, institutrice de langue arabe. Par ailleurs, les sensations confuses et chamboulées qu'éprouvent certains élèves à l'approche des examens trouvent leur complément chez certains parents, étant, eux-mêmes, incapables de dissimuler leur stress. «C'est un point faible, je l'avoue, mais je ne peux pas cacher mon angoisse. En songeant au jour des résultats, plusieurs scénarios me passent en tête. Je ne veux pas stresser mon fils, mais c'est plus fort que moi, je veux qu'il réussisse pour me rassurer par rapport à son avenir, surtout que les temps ont radicalement changé et que le diplôme est devenu indispensable pour décrocher un bon boulot. C'est, justement, le rêve de tous les parents», relève Mme Raoudha (fonctionnaire), notant que son fils suit actuellement des cours particuliers à domicile et qu'elle est toujours prête à lui fournir ce dont il a besoin, même au prix de lourds sacrifices. «Qu'il réussisse ; c'est mon souhait suprême», adjoint-elle. Les cours particuliers semblent, ainsi, la monnaie courante des temps qui courent. Les budgets serrés optent, nécessité oblige, pour les cours collectifs. Les budgets aisés préfèrent les cours à domicile. Cependant, il arrive parfois de concilier les deux méthodes, compte tenu des préférences des élèves, surtout lorsqu'on est père de deux candidats pour le baccalauréat, tous deux de tempéraments et de choix différents. C'est le cas de M. Hbib, professeur d'anglais, qui vient d'inscrire sa fille dans des cours collectifs et d'engager un collègue pour des cours à domicile au profit de son fils.Traitant de ses démarches, il précise que sa fille opte pour les cours collectifs, vu sa dynamique et son goût de l'échange avec ses camarades. Alors que son fils a besoin d'un soutien personnalisé. «Il a tendance à demeurer passif dans les groupes. Je préfère lui assurer des cours à domicile pour lui permettre de rattraper quelques retards dans certaines matières, en étant à l'aise», fait remarquer notre interlocuteur. C'est toujours la fin qui justifie les moyens. Bien entendu, une fin légitime, très utile et à l'issue, espérons-le, heureuse.