Christian Constantin, personnage atypique et en grande forme, répond du tac au tac à son interlocuteur-journaliste. Tout le monde y passe, ainsi que Darragi et, surtout, cet incapable de plumitif qui ferait mieux de causer patinage ! A une question relative à l'auto-goal malheureux de Saint Gall face à Sion, Constantin n'y va pas par quatre chemins: «Ecoute, le journaliste qui pose cette question-là souffre d'un manque de visibilité et de connaissance du football. Il devrait peut-être changer de sport et choisir un truc comme le patinage artistique, où les juges ont le ralenti avant de distribuer les notes! Parce que si tu avais bien regardé l'action, tu aurais vu que Yannick N'Djeng joue très bien le coup en laissant passer le ballon sur le centre, ce qui met Montandon dans une position inconfortable, où il ne sait plus quoi faire». Avoir du répondant face à un reporter, c'est du déjà vu, mais Constantin connaît vraisemblablement la chanson et joue le jeu quand le journaliste aborde le sujet de l'entraîneur et de la sauce qui ne prend pas: «On n'a pas encore commencé à faire la cuisine. Là, on vient d'ouvrir la bouteille d'huile et la bouteille de vinaigre, on a à peine sorti les ingrédients. Alors je ne peux pas te parler de la sauce». Sacré Christian ! «Un talent extraordinaire» Et au Suisse d'enchaîner sur la décision d'adjoindre une nounou (ou un tuteur) à Oussama Darragi, en la personne de l'ex-karatéka Olivier Knupfer : «Je vais te dire, par expérience... Toi, tu es un journaliste régional, tu n'es pas confronté aux mêmes problèmes que ceux d'un président qui gère un club aux composantes internationales. Dans mon effectif, j'ai quatre Valaisans, formés au club, ce qui constitue une identité. Avec des gens comme Vanczak ou Vanins, j'ai la culture des pays de l'ex-URSS. Après, j'ai un entraîneur espagnol, avec un esprit un peu conquistador. J'ai la mentalité des Brésiliens et des Portugais, encore une mentalité différente. J'ai la culture italienne avec Gattuso, le directeur sportif et le staff. Déjà en Suisse, entre les Tessinois, les Alémaniques et les Romands... Après, j'ai la culture africaine, avec Yoda et N'Djeng, j'ai la culture anglo-saxonne avec Lafferty. Et après, j'ai la culture arabe avec Darragi. Toutes ces identités sont forcément différentes, elles n'ont pas les mêmes repères, les mêmes besoins et là, c'est la première réponse sérieuse que je te fais. Je t'ai parlé des cultures mais en plus, je ne te parle pas des religions... Et après, il y a le président». Pour le boss du FC Sion le talent ne suffit pas: «Darragi doit être cosmopolite. Le ballon, d'accord, il est rond partout, à Stockholm comme à Tombouctou. Mais pour intégrer toutes ces cultures différentes, il faut parfois un accompagnement, pour Darragi comme pour d'autres joueurs. Il s'agit juste de donner un appui à des garçons qui peuvent en avoir besoin. Ecoute, Darragi a les caractéristiques techniques pour être un grand joueur. Maintenant, il doit prendre conscience des exigences qu'implique le football de haut niveau, que ce soit sur le plan tactique, physique, du cœur qu'il faut mettre à l'ouvrage. Mais je reste optimiste. Parce que Darragi, il a un truc que ni toi ni moi on n'a : c'est un talent extraordinaire. T'as vu l'autre soir, ce qu'il a fait en un quart d'heure? Il a réussi des trucs géniaux avec le ballon».