C'est hier après-midi qu'a eu lieu l'ouverture officielle de la première banque islamique tunisienne : Banque Zitouna. Une conférence de presse a été organisée pour l'occasion qui a drainé des médias nationaux et internationaux. Cela se passait au siège de la banque, situé tout près de la Foire du Kram. M. Mohamed Sakher El Materi, fondateur de la nouvelle institution bancaire, était accompagné des principaux acteurs du projet, à savoir MM. Mahfoudh Barouni, président du conseil d'administration, Amor Nejii, directeur général, Walid Koubaâ, directeur général adjoint, et Hichem Ben Fadhl, secrétaire général, ainsi encore que le Cheikh Mohamed Mokhtar Sellami, président du comité Charia. M. El Materi a indiqué que la Banque Zitouna répondait au souci de diversifier l'offre des produits bancaires et financiers et que la réalisation du projet était un rêve qui prenait corps, et cela grâce à l'appui du Président Zine El Abidine Ben Ali, à qui il a adressé ses remerciements. Remerciements qui sont également allés à l'administration, au ministère des Finances, à la Banque Centrale de Tunisie et à toute l'équipe des hommes et des femmes qui n'ont pas ménagé leurs efforts ni regardé à la fatigue au quotidien pour mettre sur pied le projet. M. Materi a souligné que l'objectif recherché à travers la création de cette banque est d'ancrer l'image d'une entreprise citoyenne, responsable, moderne, ouverte sur son environnement extérieur et à même de contribuer au développement de la Tunisie. Le fondateur de la banque a attiré l'attention sur l'importance particulière du système d'information, le «cœur de la banque», a-t-il précisé : système qui représente une pointe de la technologie dans le domaine bancaire, celui du « global banking ». Un atout dont peut se prévaloir cette institution qui, par ailleurs, se place sous le contrôle d'un comité chargé de vérifier la conformité des offres aux dispositions de la religion musulmane. Notons par ailleurs que si la Banque Zitouna répond à une attente des particuliers, elle ne manque pas de viser une clientèle large : professionnels, entreprises et institutionnels. D'ailleurs, souligne-t-on, la nouvelle institution est appelée à prendre 5% de parts de marché et à réaliser un bilan de deux milliards de dinars au cours des cinq prochaines années. La parole a été cédée ensuite aux autres personnes venues assurer cette conférence de presse. M. Barouni, président du conseil d'administration, a rappelé, pour commencer, les détails historiques de la création de la banque depuis l'autorisation administrative en décembre 2008 et la fondation en octobre 2009. Il a indiqué par ailleurs que d'ici la fin de l'année 2010, le nombre d'agences devrait passer de 9 actuellement à 20. Un plan quinquennal de développement de la banque prévoit une augmentation du nombre des agences, à raison de 20 chaque année. Par ailleurs, 12 cadres supérieurs ont reçu des diplômes spéciaux dans le domaine de la finance islamique : c'est par eux que sera assurée ensuite une formation au profit d'autres cadres. Proximité, transparence et crédibilité En réponse à une question posée relative aux motivations qui se trouvent derrière la création de cette nouvelle institution, le Cheikh Mohamed Mokhtar Sellami, ancien mufti de la République, a rappelé tout d'abord que c'est grâce à son secteur bancaire que l'Europe a commencé à se développer il y a cinq siècles mais que, par ailleurs, ce système bancaire admettait d'intégrer dans ses produits des valeurs auxquelles rien de concret ne correspondait : les options. Il a expliqué dans un autre ordre d'idées que le croyant musulman qui tient à vivre pleinement sa foi devrait pouvoir le faire aussi dans sa vie économique… C'est, a-t-il poursuivi, dans cet esprit que les premières banques islamiques ont vu le jour il y a 30 ans. Et qu'elles ont alors fait l'objet du scepticisme des représentants de la banque classique en Occident. Or, aujourd'hui, et dans le contexte de la dernière crise financière, fait-il encore remarquer, elles montrent au contraire qu'elles sont celles qui font preuve de solidité. Une dimension régionale D'autres considérations, plus techniques mais fort utiles, ont été développées par M. Nejii, le directeur général de la banque, comme le fait que des dividendes sont distribués aux actionnaires et, surtout, qu'il n'y a pas d'intérêt, car le système est différent et repose, non sur le prêt, mais sur l'achat et la revente du bien au profit du client, avec la réalisation d'une marge de bénéfice. Le directeur général s'est en outre félicité que, dans la mise en place de la banque, les choses aient été faites dans les règles de l'art en mettant l'accent sur trois éléments : la proximité, qu'elle soit géographique à travers la multiplication des agences, par l'outil Internet ou grâce aux distributeurs ; le partage et la propreté, c'est-à-dire la transparence et la crédibilité. A quoi M. Hichem Ben Fadhl, secrétaire général, ajoutera ensuite un autre triptyque, gage de qualité et de grande disponibilité à l'égard de la clientèle : centralisation, automatisation et standardisation. Enfin, la contribution de cette nouvelle institution bancaire, fait-on remarquer, ne manquera pas d'apporter une contribution substantielle à la réalisation des objectifs du Programme présidentiel en son point numéro 12, aussi bien par l'augmentation du nombre des agences par habitant, par la diversification du paysage financier, par la polarisation de l'épargne et, dans une phase ultérieure, par l'attraction chez nous de fonds étrangers d'origine arabe ou islamique. D'autant que la banque se donne d'ores et déjà une dimension régionale, maghrébine, en tant que seule institution bancaire islamique fondée au sein de l'espace maghrébin.