Sous le patronage de Monsieur le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, l'école supérieure de commerce de Tunis (ESC), l'institut des hautes études commerciales de Carthage (IHEC) et SKEMA Business School ont organisé, le 15 avril courant, à Tunis, une journée internationale ayant pour thème «Finance islamique: réalités et perspectives», afin de débattre de la diffusion des concepts et principes de la finance dite islamique, leur portée dans l'éthique financière et bancaire ainsi que l'investissement réel et le financement alternatif. Dans un environnement de turbulences financières, la finance islamique réalise des avancées et intéresse de plus en plus la communauté internationale en raison de sa dimension éthico-religieuse et socialement responsable et de son ancrage à l'économie réelle. La crise financière des subprimies ayant frappé toutes les places financières n'a pas freiné le développement de la finance islamique qui réalise une percée continentale remarquable (Europe, Asie, Afrique et Etats-Unis). En effet, la finance islamique respecte les règles économiques et sociales conformes à la loi islamique (Chari'a) permettant d'offrir un modèle à la fois éthique et rentable. A la différence de la finance conventionnelle, la finance islamique interagit avec un environnement conventionnel et un environnement religieux régissant les transactions commerciales et financières. A cet égard, des pays aussi importants sur le plan économique que le Japon, le Royaume-Uni et la Chine pensent sérieusement à conforter la place de la finance islamique sur leur marché domestique, renforçant d'autant la crédibilité de ce phénomène, constate le rapport de Moody's Investors Services (2008). C'est dans ce cadre que l'Ecole Supérieur de Commerce (ESC) de Tunis organise cette journée internationale pour mettre l'accent tout d'abord, sur la vulgarisation des concepts et des principes de la finance islamique. Ensuite, elle a constitué une occasion pour connaître l'importance que revêt la finance islamique en matière d'éthique financière et bancaire, d'investissement réel, de financement alternatif et d'assurance. Cette journée vise, également, à ouvrir un dialogue entre professionnels et universitaires et à partager la compréhension de la finance islamique et de son interaction avec l'environnement financier conventionnel. Les experts et professionnels tunisiens et étrangers qui ont fait le déplacement pour tente de définir la place de la finance islamique face à la finance conventionnelle. L'assurance islamique et "L'insertion des contrats de la banque islamique dans le droit positif de l'Etat" ont été aussi traitées. Parmi ces experts de la finance islamique on peut citer Anouar Hassoune (Agence Moody's), Mokhtar Sallami (consultant international), Dhafer Saidane (Skema Business School), Moncef Cheikhrouhou (IHEC Paris), Omar Masood (Business School, University of East London). Leurs interventions ont porté principalement sur les principes de la finance islamique, l'intermédiation financière islamique, le principe «Profit and Loss Sharing», etc. Lors de cette rencontre, M. Anouar Hassoune a mis l'accent sur les enjeux et défis pour la finance islamique, la gestion des risques dans les banques islamiques est toujours en développement, explorant de nouveaux horizons, les régulateurs, nationaux et transnationaux, ont un rôle crucial à jouer, en particulier en matière de « Soft Law ». Plus que pour les banques conventionnelles, un effort analytique important est requis pour saisir les effets de système que peut engendrer la matérialisation de risques idiosyncrasiques dans les banques islamiques. Et chaque banque islamique, en quelque sorte, porte en elle la responsabilité de pérenniser le phénomène collectif qui lui a donné naissance. Quant à M. Dhafer Saidane, il a traité les dangers de la finance conventionnelle et les opportunités et les limites de l'intermédiation financière islamique tout en évoquant les caractéristiques de la finance islamique qui sont les 3 « p» : Finance de « proximité », une finance de « petite taille » pour les petits projets centrée sur les individus et unefinance « propre » et éthique. Pour M. Mahfoudh Barouni, président du conseil d'administration de la Banque Zitouna, il a souligné l'importance de la genèse de la finance islamique en Tunisie. Il a essayé de résumer l'histoire «contemporaine» de l'introduction du concept de la finance islamique et de l'adoption de ses produits. Il serait donc utile d'introduire le sujet en essayant de donner un aperçu très succinctsur l'apparition des Institutions de la Finance islamique dans le monde. En outre, il a passé en revu l'historique institutionnel dans le monde dont le total des Banques Islamiques a atteint le nombre de 190. Et malgré les difficultés rencontrées par le monde musulman à partir du 11septembre 2001, la finance islamique a continué à se développer et à serenforcer. Les évènements du 11 septembre ont incité les institutions financières à mieux s'organiser et à favoriser le rapatriement des fonds placés aux USA vers les pays musulmans. Actuellement, cette « Industrie Financière » compte actuellement 451 institutions dans 40 pays à travers le monde. Parmi ces institutions, on compte 180 banques islamiques dont certaines à dimension Internationale. Le total des actifs consolidés de cette industrie s'élève, en 2008, à 748 Milliards de dollars avec une moyenne du taux de croissance annuelle de 31.5% sur les six dernières années. Par ailleurs, M. Barouni a passé en revue les pratiques de la finance islamique en Tunisie. A cet effet, la Tunisie est parmi les pays fondateurs de la BID. Elle est représentée au niveau du Conseil des Gouverneurs de la BID par son Ministre du Développement et de la Coopération Internationale. Le Conseil de Supervision de la BID est présidé par Cheikh M.M. SELLAMI. Plusieurs Cadres tunisiens participent à la réussite des institutions faisant partie du groupe BID. Ils sont très appréciés pour leur contribution. De plus, une table ronde a été, également, organisée sur la finance islamique et la finance conventionnelle. Elle consiste à ouvrir le débat sur les enjeux de la cohabitation entre la finance islamique et la finance conventionnelle en matière de financement du développement économique et de s'interroger sur les effets d'une éventuelle complémentarité au service du développement économique et l'émergence d'une place financière régionale à Tunis.