Ils ne font pas la une du 20h00, et pourtant ils portent l'espoir d'un peuple et l'avenir d'un pays. Eux, ce sont les jeunes étudiants de la Tunisian Business School (TBS) qui viennent de participer pour la première fois au concours Hult Prize qui réunit des étudiants du monde entier. La délégation tunisienne a été représentée par deux équipes, l'une à Dubaï, l'autre à Londres. Le défi lancé lors de cette 4e édition de la prestigieuse compétition était de présenter un projet autour du thème de la «sécurité alimentaire». A cette occasion, la délégation nationale a présenté des projets qui ont agréablement surpris les jurys. «Nous n'avons rien à envier aux étudiants des universités les plus prestigieuses au monde, la différence réside uniquement dans l'encadrement et l'encouragement qui nous font défaut encore aujourd'hui en Tunisie», nous explique le jeune chef d'équipe de Londres, Ahmed Hadhri, qui remercie au passage le directeur de la TBS, Salah Ben Abdallah, qui ne cesse de les pousser et les encourager. Une cuisine communautaire L'équipe londonienne qui n'a pas démérité au vu de son projet qui a impressionné le jury, il s'agit d'une entreprise sociale fictive appelée Cojico qui vise à éradiquer la famine et l'insécurité alimentaire dans le monde (rien que ça). Ils comptent pour cela sur la femme, pilier de la lutte contre la faim. En installant des «cuisines communautaires» où chaque 50 familles (50 femmes) partagent la même cuisine, 10 femmes seulement parmi elles, pas toujours les mêmes, vont s'occuper de la préparation des repas pour la communauté, tandis que les 40 autres femmes vont s'occuper des enfants et chercher un travail. Le coût des ingrédients qui seront achetés en gros sera partagé entre les 50 familles. Autre idée neuve de ce projet, c'est la culture des légumes au-dessus des «cuisines communautaires». Microprojets pour une meilleure alimentation Le projet de l'équipe qui a représenté la Tunisie à Dubaï à l'occasion de la même compétition n'est pas moins ambitieux, puisque qu'il compte résoudre le problème de l'insécurité alimentaire dans les taudis urbains d'ici 2018 en alimentant 200 millions de personnes à travers une entreprise sociale. «Notre idée va au-delà de l'alimentation des pauvres pour atteindre la cause même de l'insécurité alimentaire. K-CNC, le nom donné à l'entreprise sociale vise à intégrer les habitants dans la vie économique en les aidant à créer leur propre projet et notre rôle consistera à assurer le lien avec le marché, le revenu généré financera la “cuisine" (l'alimentation donc) et le montant restant sera réinvesti pour créer plus de projets», nous explique avec enthousiasme le jeune Abdellatif Jouini, chef de l'équipe. Selon lui, l'objectif est d'augmenter le revenu par personne pour que les habitants aient plus d'opportunités pour acheter de la nourriture. Après cette expérience nous avons appris que l'entrepreneuriat social est une tendance pour résoudre des problèmes sociaux. Les yeux sur l'avenir Bien qu'aucune des deux équipes n'ait remporté de prix lors de cette compétition, ces jeunes talents (les plus jeunes compétiteurs) ont marqué le coup, en démontrant que rien ne sépare le cerveau créatif d'un étudiant tunisien de celui d'un étudiant de Harvard, si ce n'est la confiance en soi et l'esprit d'entrepreneuriat qui fait parfois défaut. «Il faudrait que les jeunes se libèrent de la mentalité d'assisté, l'Etat ne peut pas tout faire, soyons créatifs et changeons les choses sans attendre grand-chose du gouvernement», lance Ahmed Hadhri. Rien ne peut dissuader ces jeunes qui, malgré la défaite, ne comptent pas s'arrêter là. L'équipe londonienne étudie déjà l'éventualité de concrétiser son projet. Quant à l'équipe de Dubaï, elle compte déposer son idée sur le site web du Hult Prize pour espérer gagner le concours web. Seul bémol, la représentation féminine n'était pas au rendez-vous puisqu'on a vu la participation que d'une seule fille dans chaque équipe.