C'est à un véritable «calvaire quotidien» que le nouveau ministre de l'Intérieur est convié. Neuf mois lui suffiront-ils pour relever le défi et nous faire oublier ses prédécesseurs ? Le ministère de l'Intérieur a désormais un nouveau patron, en l'occurence Lotfi Ben Jeddou. Quatrième homme à y être intronisé depuis la révolution après Farhat Rajhi, Habib Essid et Ali Laârayedh, ce dernier est loin d'être convié à ... une promenade de santé. C'est plutôt à un véritable «calvaire quotidien» qu'il sera soumis, neuf mois durant. En effet, M. Ben Jeddou, 49 ans le 31 juillet prochain, n'est pas sans savoir qu'il atterrit dans un département dont le prestige, le poids politique et le... luxe des bureaux tranchent avec la sensibilité de la mission et la lourdeur de la tâche. Tâche d'autant plus ardue qu'il s'agit, faut-il le souligner, du ministère où l'on compte le plus grand nombre de... peaux de banane et de «complots internes» et où la moindre erreur commise est généralement fatale. Tout dépendra de l'entourage Dans un premier temps, le nouveau locataire de la fameuse citadelle de l'avenue Bourguiba est donc appelé, voire condamné, à avoir les yeux grands ouverts sur le fonctionnement quotidien de sa cuisine interne. Et cela en agissant comme un rassembleur, en écoutant, en responsabilisant ses lieutenants, bref en réinstaurant l'union sacrée, hélas aujourd'hui cisaillée, entre les différents services de son département. Car nous sommes persuadés, et la longue histoire de ce ministère l'atteste, qu'un entourage fidèle et solidaire constitue la condition sine qua non de la réussite d'un mandat pour un ministre de l'Intérieur. Dans ce contexte, des sources sécuritaires bien informées s'accordent à dire que «Ali Laârayedh a légué à son successeur un héritage gérable, qui n'a rien donc d'un... cadeau empoisonné». De quoi... donner des ailes à M. Ben Jeddou qui doit, dès à présent, s'employer à mettre en œuvre sa propre stratégie qui lui permettra de relever les nombreux défis qui l'attendent. Ceux-ci vont du rétablissement de la sécurité dans le pays à la préparation des prochaines élections, en passant notamment par l'éradication des phénomènes du terrorisme et de la contrebande, sans oublier le volet municipal où il y a aussi du pain sur la planche. Autant de défis qui exigent une forte personnalité et un sacré cocktail de sagesse, d'intégrité et de courage. Des atouts qui, heureusement, semblent être réunis en la personne du nouvel homme fort du ministère de l'Intérieur, fruit d'une longue carrière de magistrat. «Pour avoir longtemps exercé dans les tribunaux, j'ai fini par connaître à fond les rouages policiers», lança ce natif de Kasserine dans sa première déclaration aux médias. Tant mieux, et bonne route.