Parce que «la danse est une poésie muette», comme le dit le poète turc Simonie De Céos, et parce que chaque mouvement est donc une parole, l'espace Mad'Art Carthage, avec le soutien du ministère de la Culture et de l'Institut français de Tunisie, a choisi de tenir la quatrième édition des «Journées de la danse contemporaine» (JDC), avec deux thématiques essentielles : «Le corps est le dernier rempart contre la violence» et «L'ultime espace de liberté». Pour ce quatrième rendez-vous, les JDC marquent, dans leur large programmation ouverte aux multiples expressions artistiques, une fenêtre pour interroger le corps quand il bouge. La danse-théâtre, la danse-musique, la danse-cirque seront bien présentes à ce rendez-vous de fusion. Pourquoi danse-t-on ? Les réponses sont multiples et chaque artiste, ou compagnie, l'exprimera à sa manière. Pour ceux qui ont une insomnie ou tout simplement qui veulent comprendre cette décharge émotive nourrie d'une sensation intérieure, la compagnie de danse française Nathalie Pernette leur propose (jeudi 21 mars,19h00) à Mad'Art Carthage le spectacle «Mitiatures» constitué de quatre courtes pièces dont «L'insomnie», une expérience de sensation tactile à partager. Outillées par les ingrédients d'une représentation où l'on retrouvera à la fois de la romance, de l'harmonie, de la puissance et du rythme, les JDC ont programmé des moments d'intrigues et de suspense pour transporter le public vers un monde où les corps vibreront au rythme des variations sonores: c'est le spectacle prévu, aujourd'hui, lundi 18 mars, de quatre Circassiens face à quatre musiciens pour une improvisation de partage et de dialogue entre la musique qui résonne et le corps qui gravite. Le dimanche 24 mars sera réservé à «La danse du peuple qui marche» avec des artistes cavaliers qui présenteront leurs performances. Il s'agit, en fait, d'une mise en visibilité ludique de l'acte de danser comme une circulation infinie de simulacres équivalents du spectacle de la vie. Dans une autre vision, Néjib Khalfallah fera découvrir dans son spectacle chorégaphique la danse des cris de joie et de pleurs. Dans «Paroles de femmes», la jeune danseuse Oumaïma Manaï fera bouger son corps en solo dans un ring. Dans une autre démarche artistique originale, la pièce chorégraphique «Barzakh» de Wejdi Guegui détournera le déplacement non seulement de son corps, mais celui du public pour le suivre depuis la rue jusqu'à la scène. Quant à Alia Sellami, elle offrira à voir la vivacité du corps et de la voix. Dans son spectacle «Corps et Voix», elle donne plutôt la voix à son corps pour faire écouter ses chuchotements secrets. Etant une scène ouverte éclatée, la rue demeure pour le duo d'«Art solution» un espace libre pour continuer de danser malgré tout. Ils danseront le 29 mars comme ils l'ont déjà fait le 6 février, jour de l'assassinat de Chokri Belaïd, dans un signe de désespérance, dans les rues de Tunis, derrière un rideau de fumée toxique.