Les bassins des Aghlabides, construits entre 860 et 862 et couvrant une superficie de 11.000 m2, sont aujourd'hui en très mauvais état à cause des poubelles et des canettes lancées, le soir, par des clochards, faute d'une clôture et d'un gardiennage permanent. Et même les auvents, les trottoirs, l'éclairage, la verdure et les bancs publics réalisés dans les années 95-97, sont aujourd'hui tombés en désuétude parce qu'ils ont été réalisés à la hâte et sans concertation avec les institutions du patrimoine. En outre, l'énorme manège et la buvette créés au début des années 90 sont envahis lors des week-ends par des enfants qui s'amusent à arracher les plantes et à courir sur les bords de l'ouvrage. Tout cela constitue donc une aberration à supprimer par son incompatibilité avec ce monument exceptionnel de l'histoire de l'humanité. Face à cet état de délabrement et de mauvaise gestion de l'espace environnant, les responsables archéologiques ont sollicité un projet d'urgence pour la sauvegarde et la réhabilitation du site. Et une enveloppe de 500.000 D a été consacrée à la réalisation de ce projet salutaire dont les études ont été lancées il y a quelques années. Néanmoins, les choses semblent traîner et l'état déplorable des bassins des Aghlabides continue d'inquiéter des citoyens révoltés et impuissants. La coopération tuniso-qatarie sauvera-t-elle le site ? Nous apprenons dans ce contexte que dans le cadre d'un projet de coopération tuniso-qatarie de restauration des monuments historiques, on entreprendra, au cours de l'année, la restauration des bassins des Aghlabides, tout en essayant de trouver des solutions pour limiter les effets néfastes de la remontée capillaire résultant de la montée de la nappe phréatique et de la salinité de l'eau stagnante. Ensuite, on procédera à la restauration des zaouias situées aux alentours des bassins, dont Sidi Guith, Sidi Dahmani. Puis, on abordera le volet de la recherche scientifique en procédant à la prospection électromagnétique en vue de rechercher des bassins encore ensevelis. L'autre priorité concernera la clôture des 2 hectares situés du côté nord des bassins et affectés par l'INP au site. L'édification d'un grand musée de la civilisation des arts islamiques, la création d'un parc archéologique et la mise en valeur des composantes du site déjà existantes ou qui seront éventuellement découvertes, font partie de ce grand projet visant l'aménagement général des bassins classés patrimoine mondial. D'ores et déjà, le gouvernorat de Kairouan, l'INP et le CRDA ont procédé récemment à des travaux de désherbage et des campagnes de propreté autour des bassins.