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La face du martyr
Jihad des jeunes Tunisiens en Syrie (2e partie)
Publié dans La Presse de Tunisie le 29 - 03 - 2013

Des révélations en cascades sur une orchestration américano-qatari-islamiste, sur ses filières lucratives dans les mosquées et les associations, ses camps d'entraînement en Libye et ses frontières ouvertes en Turquie... Des nouvelles sur l'enlisement, la disparition, la détention et la mort par vagues des jihadistes tunisiens dans des attentats-suicides ou des affrontements... Quelles que soient ses armes et ses visées — mourir pour jihadistes ou redistribution des cartes dans la région — la guerre en Syrie s'approvisionne à la base dans le marché garanti du jihad. Et ses pourvoyeurs jouent avec la promotion du martyre chez la jeunesse... Après « L'envers du paradis », (dans notre édition d'hier), deuxième partie de notre dossier.
Abu Mokdad, Abu Youssef, Abu Zakaria, Abu Mossab, Abu Abderrahmane, Abu Khaled, Abu Hamdi... Attounoussi... Des centaines de «prestigieux» noms de front de valeureux soldats nous sont retournés au fil des mois, accompagnés de centaines d'images de dépouilles, de paisibles faces rendormies témoignant du martyre et de vidéos d'enterrements secrètement envoyées aux familles... Voilà la médaille posthume que mérite quotidiennement la Tunisie en contrepartie de la généreuse proportion de jeunes mis au service des fronts de l'opposition en Syrie (près de 40% entre Tunisiens et Libyens).
L'effet dépouille et enterrement
«On est resté sans nouvelles de lui pendant plus d'un mois. Puis, un jour son frère a reçu un coup de fil annonçant son décès. Appelant de Tunis, l'interlocuteur s'est présenté comme un frère. Le lendemain, quelqu'un a glissé discrètement ce CD sous notre porte. C'est le film de son enterrement...». S., la mère de celui que ses recruteurs et ses compagnons de front ont baptisé Abu Ahmed, ne retient plus ses larmes, mais troque aussitôt son chagrin contre la colère : «Ce sont des criminels ! Avec ces images, ils cherchent à entraîner mon cadet, je l'ai compris dès le début... C'est une autre façon de faire des lavages de cerveaux. Mon cadet n'a jamais été salafiste mais depuis qu'il a regardé la vidéo, il n'est plus le même. Il parle de martyre... Il divague... J'ai le sentiment qu'il me cache des choses».
Vengeance, rivalité, mimétisme, désespoir, souffrance insoutenable, envoûtement, le martyre du frère ne laisse pas indemne le reste de la fratrie ni même le cercle rapproché des voisins et des amis. «Dans cette cité particulièrement touchée du Kram, l'hiver a été marqué par des départs en série entre membres de la famille et voisins de quartier», ajoute S., dévastée par la mort d'un aîné et la perspective du départ du cadet.
Institutrice connue, elle jure désormais de militer, de mobiliser des familles et de ne plus laisser faire. Réussira-t-elle à contenir l'hémorragie ? Rien n'est moins sûr quand on l'entend s'étonner de la mutation incompréhensible de son cadet. «Il se blinde, il devient inaccessible. Je ne le reconnais plus. Il n'y a plus qu'une silhouette de lui. Tout le reste s'est métamorphosé; regard, gestes, propos, sentiments... Il ne m'entend même plus !»
Deux mois entre la salafisation et la mort sur le front
L'impuissance des familles n'a d'égale que la détermination des sujets. Dans plusieurs cas rencontrés, l'intervalle entre la salafisation, l'adhésion à la pensée jihadiste et la mort sur le front ne dépasse pas les deux à trois mois... Ce qui fait dire aux spécialistes des groupes salafistes, qu'on assiste à la stratégie connue du «tafrikh», littéralement «la couvaison». Notre pays est-il en passe de devenir un réservoir de jihadistes pour une région où les foyers du jihad et les camps d'El Qaïda ne manquent pas et risquent de se multiplier? En attendant une réponse politique et juridique qui tarde à venir, les spécialistes des groupes islamistes sont unanimes sur l'ampleur du risque. «Les Tunisiens ne sont pas à leur première guerre. Si l'on remonte un peu dans l'histoire, on trouve que les premiers sont les particuliers qui partaient libérer la Palestine et que les modestes embarcations dissuadaient ou laissaient couler au fond des mers à la première tempête. Les deuxièmes se comptent dans les rangs de la gauche qui ont participé à la guerre du Liban. En 75, ils étaient les premiers à mourir sur les frontières. Après, il y a eu l'Irak et surtout l'Afghanistan où j'ai rencontré au moins une trentaine de Tunisiens en 1998. Les Tunisiens étaient aussi en Tchétchénie... mais celle-ci est très particulière !» Correspondant de guerre puis spécialiste des groupes salafistes, le journaliste Zouheir Latif explique la difficulté à contenir les flux de jihadistes par l'organisation cellulaire des groupes salafistes, leur déni des frontières nationales et leur foi inébranlable en la «oumma».
Pour le journaliste et chercheur, Slaheddine Jourchi, «il n'y a pas de comparaison à faire entre les démarches volontaires ou les faibles mobilisations des guerres passées et le caractère massif, l'organisation infaillible et l'attrait absolu du jihad en Syrie». Concrètement, cet attrait se traduit par les gros moyens accordés à l'embrigadement et l'enrôlement, les facilités logistiques de l'acheminement, l'absence de contrôle aux frontières, la proximité des camps d'entraînement en Libye, la facilité d'accès aux camps d'Antaquié en Turquie, enfin la fascination suprême de la mort sur le front à Deraâ, Halep ou ailleurs en Syrie...
Syrie, Mali, Somalie... : surtout ne pas vider les poches du jihad
Et si la guerre en Syrie venait à prendre fin, quel serait le sort des jihadistes tunisiens dont beaucoup sont déjà piégés dans des luttes intestines entre les multiples fronts de l'opposition?... La question qui secoue le plus l'opinion trouve de temps en temps réponse dans les nouvelles du Mali ou de Somalie rendant compte de «la migration» de «soldats» tunisiens de retour de Syrie ou directement depuis la Libye...
L'attrait du front est-il devenu plus puissant que l'appel du maître ? C'est ce qui ressort au moins de l'indifférence affichée à l'appel d'Abu Yadh. Suspectant un complot américain visant à «assainir l'islamisme de ses branches jihadistes», le chef de Ansar Achariaâ, disciple de Ben Laden et fervent incitateur au jihad jusqu'aux derniers mois, a appelé les Tunisiens à se retenir d'aller mourir en Syrie. Son appel est resté inaudible dans la grande offensive mobilisatrice que continuent à mener mosquées, associations de bienfaisance et vidéos sur les crimes de l'armée de Bachar et les performances de Jabhat Al Nosra.
«Difficile pour la route du Mali d'exercer le même attrait massif que celle de Syrie...», pronostiquent néanmoins les spécialistes. Il y a la chaleur en plus et le butin en moins... Ce qui dissuaderait une majorité de jeunes soldats de la première heure encore partagés entre les promesses du paradis et les jouissances d'ici-bas...
Devant cette éventualité et en l'absence de l'ouverture d'un nouveau front aussi appuyé que celui de la Syrie, le retour au bercail de centaines ou de milliers de jeunes jihadistes tunisiens est à horizon. Exercés au feu et à la mort, retrouveront-ils une place en société ou rééditeront-ils l'histoire des «Afghans arabes» de retour en Arabie Saoudite et en Jordanie ?
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