Sur fond de confusion, de déceptions et d'échecs répétés, le parcours du club du Bardo est l'histoire d'une véritable interrogation... La force d'une équipe est de se construire, pas seulement dans les victoires, mais aussi et surtout dans les défaites et dans les moments difficiles. Le Stade Tunisien a souvent donné l'impression de s'égarer, surtout quand il s'agit de se projeter dans l'avenir. On a toujours pensé qu'il peut avoir les qualités pour jouer les premiers rôles. Mais ce qu'on ne sait pas, c'est s'il a vraiment le mental pour le faire. Le chemin des titres et des consécrations passe souvent par le surpassement. Il est toujours possible à une équipe d'être amenée à prendre plus de responsabilités, plus de risques. Il n'en demeure pas moins qu'en l'absence de joueurs de talent, le ST est resté une équipe ordinaire, se contentant le plus souvent de faire de la figuration dans un championnat auquel il s'est souvent montré incapable de s'identifier. Si on regarde l'histoire du football, elle montre que les équipes qui jouent et qui font le spectacle gagnent le plus souvent. On pense au Brésil, à l'Ajax et à Barcelone de la dernière décennie. Toutes les équipes qui ont dominé leur époque étaient des équipes de spectacle. On ne peut pas prétendre être un grand club si on n'a pas l'ambition de jouer. L'une des principales exigences est que l'on est aussi amené à ne pas gagner n'importe comment et sans divertir. A la question ne vaut-il pas mieux jouer mal et gagner, on répond qu'on ne connaît pas d'équipes qui gagnent leur championnat en jouant mal. Une histoire sans fin C'est souvent la même histoire avec le Stade Tunisien. Il suscite l'espoir un jour, puis il s'écroule le lendemain, piteusement, pathétiquement. Des matches qui au fond se ressemblent. Défense aux abois. Bataille perdue au milieu de terrain. De quoi ont peur les Stadistes? De gagner et peut-être bien d'aller chercher la première place. En football, les défaillances mentales de certains sont souvent compensées par la solidité des autres. Mais le problème est bien là: au Stade, les cadres n'assument pas leur rôle. Ou du moins, ils n'ont point l'aptitude de patrons absolus. Certains ont trop à faire avec leurs propres défaillances pour s'occuper de celles des autres. Il fut un temps où il y avait de la joie, une forme de partage émotionnel qui était tellement belle à voir au sein de l'équipe stadiste. Une sorte de fraîcheur dans l'expression. Pourquoi cela n'a pas duré? Cela dépendait tout simplement des joueurs, de l'entraîneur, de l'histoire, du statut de star chez les uns et les autres, des différences, des egos. Il était impossible de garder cet esprit. La faute à qui? A tout le monde et à personne, comme bien souvent lors d'un naufrage collectif. Evidemment, personne n'est exempt et les responsabilités sont multiples à tous les niveaux de la structure. Il serait aisé de se focaliser sur un président présenté ici et là comme étant incapable de s'imposer, ou encore de porter un projet sportif. Facile. Sur un courageux entraîneur ayant touché aux limites de sa fonction. Hypothétique. Ou sur un effectif, certes un peu juste pour la Ligue 1, mais pas forcément inférieur à d'autres clubs... Sur fond de confusion, de déceptions et d'échecs répétés, le parcours du club du Bardo est donc l'histoire d'une véritable interrogation. Par quelque dimension que l'on saisisse, on ne savait pas exactement, et l'on ne sait pas toujours, si on nage en pleine reconstruction d'un club, d'un espoir, d'un monde... Encore une fois, l'équipe s'est montrée incollable sur son histoire, incapable de renouveler ses centres d'intérêt au-delà de ce qui existe. Bref de répondre à tout ce que ses supporters les plus incisifs appellent de tous leurs vœux. Au bout du compte, autant d'égarement inspire moins le sens de l'irresponsabilité que cela n'impose de devoirs, en particulier celui d'une innovation constante. Dans son immense majorité, la classe dirigeante qui s'est succédé à la tête du club n'avait aucune idée de ce que doit représenter le football, ou le sport en général, et ne voulait surtout pas qu'on empiète sur ses plates-bandes. Elle prenait souvent des décisions absurdes. Il y en a qui ont toujours cherché à utiliser le club à des fins personnelles et le phénomène se poursuit. Ils ont conscience du privilège, mais ils ne le méritent pas. Les signes de la vertu sans la vertu. La prière sans foi. Il faudrait verser une larme sur le sort du Stade qui a, une nouvelle fois, plongé dans le vide. On ne sait pas ce qu'il convient d'imaginer pour un club dont les bases fondatrices sont sapées depuis plusieurs années. Souhaitons-lui quand même de trouver des hommes pour remettre de l'ordre dans une maison sens dessus dessous...