C'est le retour de l'enfant prodige du football tunisien. Il est capable de tout s'il retrouve ses sensations physiques. Tant mieux pour la sélection ! L'image restera gravée dans les mémoires. On joue la 67' de Tunisie-France. Yassine Chikhaoui se lève du banc des remplaçants, et s'apprête à l'échauffement. Deux pas en avant, c'était suffisant pour que l'arène de Radès explose ! Les 60.000 spectateurs réagissent en même temps en scandant le nom de Chikhaoui : un moment inoubliable, ce «standing ovation» pour le revenant a été l'évènement majeur du match. Va-t-on exagérer si on dit que la joie du public au moment de voir Yassine Chikhaoui s'échauffer, a été égale à la joie du but de Jemaâ ? Ce qui est fantastique, c'est que le même public salue encore une fois Chikhaoui quelques minutes plus tard quand son joueur qui passe derrière les buts de Lloris, lui fait une accolade. C'était émouvant comme sensation si bien qu'on a oublié pour un moment ce qui se passait sur le terrain. Et enfin, Yassine Chikhaoui que nous avons tous aimé depuis son émergence à l'Etoile, revient en sélection. Tant mieux ! Un retour tant attendu, non seulement parce que c'est un joueur technique et créateurs, mais aussi parce que c'est un joueur correct et discipliné. Sa présence en elle-même est un grand acquis pour la sélection. Plus de concurrence, oui, plus de choix dans la poste de milieu-créateur, mais surtout un élan offensif pour une équipe de Tunisie qui n'a pas retrouvé ses attaquants et ses joueurs créateurs dans les éliminatoires de la Coupe du monde et dans la CAN. Quel poste ? Yassine Chikhaoui, décrit comme le plus doué de sa génération, a émergé à l'ESS. On se souvient tous du début polémique autour du poste que lui a attribué Bazderevic à l'époque, à savoir l'attaquant de pointe. C'est son premier rôle, avant qu'il ne recule quelques mètres en arrière pour faire l'attaquant de soutien, voire le régisseur. C'est dans ces deux postes que Chikhaoui s'est le plus retrouvé. Vitesse de course, qualité de débordement sur les couloirs et vers l'axe et une bonne vision du terrain, Yassine était bien parti pour brûler la politesse à tous ses concurrents. De 2006 à 2008 presque, c'est le meilleur joueur de la sélection. Pas l'ombre d'un doute. Ce fut une «vérité» sur laquelle tout le monde était d'accord. Yassine Chikhaoui, qu'on comparaît, à un certain moment, à Zidane, nous rappelait la belle époque des grands joueurs qui ont marqué la vie de la sélection de Tunisie. La malédiction La chance est une composante essentielle dans la carrière de tout footballeur. Notre joueur n'en a pas eu beaucoup. Une méchante et récurrente blessure au niveau du genou, puis une interview accordée à un journal allemand, vont déstabiliser sa vie même. Il ne peut plus préserver son niveau, son éloignement des stades devient inquiétant et, pour terminer, un passage en bundesliga est avorté. Pour certains, ce fut pratiquement le début de la fin. Au moment où nous nous apprêtons à prendre l'espoir de le revoir en sélection, Chikhaoui retrouve ses sensations physiques. Il rejoue avec «FC Zurich», et aide son équipe à gagner. Une très bonne nouvelle pour ceux qui attendaient son retour. Tunisie-France est un beau souvenir pour lui, même s'il n'est pas le genre de joueurs à aimer la lumière et la parole. «Je suis très content de retrouver la sélection après une absence prolongée. J'espère ouvrir une nouvelle page plus radieuse. L'avenir est prometteur». Les quelque 15' qu'il a jouées contre la France n'étaient pas suffisantes pour démontrer de quoi il est capable. Juste le temps d'un relais, de deux passes réussies. Faute de physique sûrement, Chikhaoui n'aura pas atteint des sommets. Ce n'est pas grave, le n° 9 de l'équipe de Tunisie a encore le temps de rebondir et de redevenir le patron du jeu de la sélection.