KABOUL (Reuters) - A la veille de l'ouverture de la jirga, ou assemblée traditionnelle, convoquée par le Président afghan Hamid Karzaï, les insurgés afghans ont rejeté hier cette initiative et ont promis de poursuivre leur lutte contre la présence militaire étrangère. Les talibans et le Hezb-i-Islami de Gulbuddin Hekmatyar ont, chacun de leur côté, estimé que cette réunion n'aurait aucune crédibilité tant que des armées étrangères resteraient stationnées sur le sol afghan. "Cette jirga ne vise qu'à semer la confusion dans les esprits des masses et à jeter de la poudre aux yeux", dénoncent dans un communiqué les talibans, qui n'y voient qu'un "nouveau prétexte pour que l'Amérique poursuive la guerre enAfghanistan". Le Hezb-i-Islami considère pour sa part que l'assemblée convoquée par Karzaï n'a aucune importance car "les participants sont tous des individus qui sont des protégés de l'Etat". "Ils n'ont aucun pouvoir de décision. Ce n'est qu'une jirga consultative sans participation d'aucun moudjhahid (combattant de la résistance)", poursuit dans un texte adressé à l'agence Reuters le groupe d'Hekmatyar, qui a fait ses gammes contre l'occupation soviétique. Alors que l'Afghanistan en est à sa neuvième année de guerre, Karzaï table sur cette institution séculaire associant dignitaires tribaux et représentants de la société pour faire progresser son projet de réintégration des talibans dans le jeu politique afghan. Le Président afghan propose l'amnistie et l'intégration dans les forces de sécurité des combattants talibans de base, le retrait de certains responsables insurgés de la liste noire dressée par l'ONU et l'exil dans des pays musulmans de dirigeants du mouvement. Mais, même si les quelque 1.600 délégués qui se réuniront à partir d'aujourd'hui à Kaboul entérinent son projet, les insurgés, eux, ont clairement manifesté leur volonté de poursuivre la lutte. "L'Emirat islamique fera face aux décisions illégitimes et illégales de la jirga en continuant le djihad islamique", a prévenu le Hezb-i-Islami, particulièrement actif dans le nord et l'est de l'Afghanistan, quand les talibans opèrent principalement dans le Sud. Les Occidentaux et les voisins de l'Afghanistan ne placent du reste que peu d'espoir dans l'issue du processus. Mais, au terme d'une année de critique sur sa gouvernance et son laxisme supposé face à la corruption, Hamid Karzaï, réélu dans la contestation l'an dernier à la présidence afghane, a besoin de cette forme de soutien.