• La délégation de haut rang du Hezb Islami a remis au Président afghan un plan de paix en 15 points KABOUL (Reuters) — Le Président afghan Hamid Karzaï a rencontré hier une délégation de haut rang du Hezb-i-Islami, une des principales composantes de l'insurrection afghane, a déclaré le porte-parole du Chef de l'Etat. Ces discussions, qui en seraient encore au stade préparatoire, constituent le premier contact officiel direct entre Hamid Karzaï et le mouvement dirigé par l'ancien Premier ministre Gulbuddin Hekmatyar. Elles pourraient ouvrir la perspective d'une paix séparée entre Kaboul et ce groupe qui partage certains des objectifs des talibans. «Je peux confirmer qu'une délégation du Hezb-i-Islami (...) est à Kaboul avec un plan et a rencontré le président», a déclaré le porte-parole de Karzaï, Waheed Omer. C'est la première fois que le Hezb-i-Islami envoie des délégués de haut rang pour des discussions dans la capitale, a souligné Haroun Zarghoun, porte-parole du groupe insurgé. Les délégués ont apporté avec eux un plan de paix en 15 points qui réclame notamment le départ des troupes étrangères, a-t-il ajouté. La délégation est conduite par Qutbuddin Helal, ancien Premier ministre et adjoint d'Hekmatyar, et comprend également dans ses rangs le gendre du numéro un du mouvement, a encore précisé le porte-parole. «Le point essentiel du plan est le retrait de toutes les forces étrangères à partir de juillet, dans un délai de six mois», a déclaré Haroun Zarghoun, joint par Reuters sur un téléphone portable avec un numéro pakistanais. «Le gouvernement et le parlement actuels doivent rester en fonction jusqu'à la formation d'un gouvernement provisoire dans six mois, et la tenue d'élections présidentielle et parlementaires en mars 2011», a ajouté le porte-parole, indiquant que les détails du plan étaient négociables. Un groupe actif dans l'Est Le Hezb-i-Islami est actif dans l'est et certaines régions du nord de l'Afghanistan. Il a notamment revendiqué sa participation à l'embuscade de Surobi qui a fait dix morts dans les rangs du contingent français en août 2008. Kaboul a fait savoir récemment que des membres du Hezb-i-Islami s'étaient ralliés aux forces gouvernementales après des combats avec des talibans qui leur disputaient le contrôle de certains secteurs du nord du pays. Le Président afghan Hamid Karzaï avait déjà établi un contact indirect avec les hommes d'Hekmatyar, mais l'arrivée à Kaboul d'émissaires de haut niveau semble marquer une nouvelle étape dans le processus de réconciliation entamé par le Chef de l'Etat en début d'année. Le Chef de l'Etat avait nommé un ancien membre du Hezb-i-Islami comme ministre de l'Economie dans son nouveau gouvernement formé en janvier. Selon Haroun Zarghoun, la délégation pourrait rencontrer des responsables américains, mais l'ambassade des Etats-Unis a déclaré qu'aucune rencontre de ce type n'était au programme. «Les Etats-Unis appuient les efforts du gouvernement afghan pour entrer en contact avec les membres des groupes insurgés qui cessent de soutenir l'insurrection, vivent en respectant la Constitution afghane, renoncent à la violence et n'ont aucun lien avec Al Qaïda ou les groupes terroristes qui partagent ses objectifs», s'est bornée à déclarer Caitlin Hayder, porte-parole de l'ambassade. Changements d'alliance Les Etats-Unis, qui renforcent actuellement leurs effectifs sur le terrain, ont fixé le début du retrait de leurs troupes d'Afghanistan à la mi-2011. Les Occidentaux et Karzaï espèrent qu'un programme de réconciliation combiné à un an d'efforts militaires accrus persuadera les insurgés de déposer les armes. L'ancien émissaire des Nations unies pour l'Afghanistan, Kai Eide, a confirmé la semaine dernière qu'il avait discuté avec des représentants des talibans au cours de l'année écoulée. Il a ajouté que les contacts avaient été rompus après l'arrestation par le Pakistan du numéro deux des talibans, Abdul Ghani Baradar. Le Hezb-i-Islami est l'un des trois principaux groupes insurgés identifiés par les forces de l'Otan. Gulbuddin Hekmatyar est un ancien commandant de la lutte contre l'occupant soviétique dans les années 1980. Il a plusieurs fois changé d'alliance en trente ans de guerre. Comme Karzaï, il appartient à l'ethnie pachtoune, majoritaire en Afghanistan, et qui fournit le gros des troupes insurgées.