Représentant « Messe Frankfurt », le premier organisateur de salons textile au monde, avec plus de 40 manifestations dans 12 pays, M Michael Scherpe a été présent au Festival de la mode. Durant les deux journées de ce festival, le président de Messe FrankfurtFrance, qui organise les salons Texworld et Apparel Sourcing à Paris et New York, avait pour objectif d'engager une réflexion avec les responsables du secteur textile pour arrêter une stratégie commune de positionnement de la filière tunisienne sur le marché international. Entretien. Comment évaluez-vous cette manifestation de deux jours en Tunisie? Je qualifierai cette manifestation de festival ou de congrès. Car, dans un congrès, on trouve «l'homme» et sa «tête», alors que dans le salon, c'est «l'homme» et le «produit». Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de tête dans les salons. Pour ce festival, c'est une excellente manifestation qui traite intellectuellement les problèmes de la filière du textile. Et c'est bien. Car pour résoudre un problème, il faut le voir, le discuter et le rendre transparent. Est-ce que ce festival pourrait évoluer, dans les prochaines années, et devenir un salon d'envergure ? Cela dépendra de la volonté des responsables. Comment ils voudraient faire évoluer ce festival ? Par ailleurs, il y a déjà des salons existants pour le textile. Donc, c'est aux professionnels de regarder s'ils vont développer l'existant ou rechercher d'autres alternatives. Mais il est difficile de tenir un congrès dans un salon. En effet, le client n'a pas de temps pour assister à des conférences de quelques heures. Dans certains salons comme Techtextile qui s'intéresse à l'innovation et à la recherche dans le textile, on s'est permis d'associer les activités des exposants professionnels et des chercheurs. Ces derniers pourraient avoir intérêt à voir les produits finis. Pour la Tunisie, vu son positionnement, on a toujours pensé qu'elle est dotée de réels atouts pour devenir une destination des salons et des foires. Qu'est-ce qui entrave le décollage de cette industrie ? On n'organise pas, forcément, un salon parce que c'est une bonne raison. Cela dépend de la volonté de la part de l'industrie, de l'acheteur et de la distribution. Parallèlement, il faut avoir un organisateur qui a l'expérience de coordonner tout ça. Ce qui n'est pas évident. Nous sommes un bon exemple de succès parce qu'il y a une notion politique, dans le sens noble du terme, souvent sous-estimée, qui consiste à fédérer des gens qui, à la base, ne veulent pas être ensemble. Les entreprises nationales ne participent pas beaucoup dans les salons internationaux pour diverses raisons de coût, d'efficacité... Comment pourrait-on les encourager à aller ailleurs ? Ce n'est pas évident, car il y a deux dimensions : micro et macro-économique. L'entreprise, à l'échelle micro, n'a ni les moyens ni l'envie de faire de la macro-économie. Pour avancer des éléments de réponses à la question “Comment faire connaître la filière textile dans le monde ?", il incombe à l'Etat, le gestionnaire de la macro, et au gestionnaire de la micro-économie, de trouver une stratégie d'ensemble qui vise à rendre la Tunisie visible. Et pour cela, à défaut d'un historique attirant, il faut aller vers l'extérieur et trouver une stratégie entre l'organisateur, l'Etat et les entreprises. J'ai été impressionné par la présentation des performances du secteur textile tunisien. Mais elles ne sont pas connues. Je suis ici pour mener avec les responsables de la filière une première réflexion sur «le comment» d'une stratégie commune.