Michel Hilaire est conservateur général du Patrimoine et directeur du musée Fabre de l'agglomération de Montpellier. C'est à l'occasion du colloque «L'empire de la couleur», organisé par le musée Fabre en partenariat avec le Master «Esthétique et modernités» de l'Université Paul-Valéry et l'Institut des textes et manuscrits modernes (laboratoire du CNRS rattaché à l'ENS), que nous avons rencontré M. Hilaire qui, dans le cadre de cette manifestation, a tenu non seulement à suivre de près les dialogues entre les peintres et les poètes présents, mais encore à présenter Vincent Bioulès, artiste dont plusieurs œuvres sont exposées dans les lieux, et surtout à converser avec lui. D'un autre côté, Michel Hilaire est féru de notre pays qu'il visite plusieurs fois par an. Grand lecteur et admirateur de notre journal, il a eu l'extrême amabilité de se confier à nous pour nous expliquer la nature de son travail et nous annoncer quelques-uns de ses projets à venir. Rencontre. Qu'est-ce qui vous a retenu dans le projet proposé par le Pr Serge Bourjea, le principal organisateur du colloque «L'empire de la couleur» ? Souhaitiez-vous que le musée Fabre ait une ouverture sur des travaux que l'on pourrait qualifier d'académiques ? Quel public visiez-vous à travers cette manifestation ? D'abord le désir de renforcer les liens du musée avec l'Université Paul-Valéry (Montpellier est une ville qui compte environ 65 000 étudiants) et ensuite de pouvoir m'associer à un master innovant. Je suis heureux de pouvoir attirer dans l'auditorium du musée un jeune public mais aussi un public plus large d'amateurs, d'enseignants, d'amis du musée… Ce qui est passionnant dans cette expérience, c'est de pouvoir croiser les regards de littéraires, d'artistes et de conservateurs autour de problématiques riches qui sont au cœur de nos préoccupations en pouvant s'appuyer sur les collections du musée Fabre, établissement qui connaît un engouement sans précédent depuis sa réouverture en 2007. Nous fêterons bientôt le millionième visiteur… Si Claude Viallat et Vincent Bioulès sont exposés au musée Fabre qui a acquis certaines de leurs œuvres, le troisième peintre invité, Jacques Clauzel, ne l'est pas. Qu'est-ce qui justifie cette absence ? Comptez-vous y remédier prochainement ? Il n'y a aucune exclusion de la part du musée, disons plutôt que j'ai rencontré plus facilement Viallat et Bioulès qui sont membres fondateurs du mouvement Support-Surface et qui sont devenus des amis. Le colloque sur la couleur m'a permis de mieux connaître Clauzel et tout reste ouvert… Quel rôle joue le musée Fabre dans la scène culturelle de la ville de Montpellier et, plus largement, dans la scène culturelle française ? Le musée occupe une place de premier plan et compte parmi les plus importantes institutions françaises après Paris évidemment. Le projet ambitieux de rénovation conduit par la Communauté d'Agglomération de Montpellier avec l'aide de l'Etat a permis de nous hisser sur le plan international grâce d'abord à la qualité incontestable de nos collections et ensuite grâce à une politique ambitieuse d'expositions temporaires. Par exemple, en 2008, nous avons accueilli à Montpellier la rétrospective Gustave Courbet en partenariat avec le Grand-Palais à Paris et le Metropolitan Museum de NewYork… Le Guide du musée Fabre est un document qui expose précieusement la richesse de ses collections. Pourriez-vous nous en parler davantage ? Il s'agit d'un Guide sorti pour la réouverture en 2007 après quatre ans de travaux. Nous avons fait un choix pour montrer la richesse de la collection depuis la Renaissance jusqu'à Soulages. Il y a aussi de nombreuses acquisitions tant en art ancien (encore tout récemment Vénus et Adonis de Nicolas Poussin, classé «Trésor national») qu'en art contemporain (Hantaï, Soulages, Viallat…). C'était aussi l'occasion de rendre hommage aux grands donateurs du musée comme F.X. Fabre, le fondateur, en 1828, ou encore A. Bruyas, l'ami de Courbet et de Delacroix. Et à l'échelle internationale, comptez-vous vous ouvrir sur la Méditerranée, sachant que la Région Languedoc-Roussillon est engagée dans le projet de l'Union pour la Méditerranée ? Bien sûr, la Méditerranée me passionne et j'ai vécu moi-même deux ans à Rome en tant que pensionnaire de la Villa Médicis et j'aime particulièrement la Tunisie (où ma famille a vécu et ma mère y est née). J'espère avoir un jour le bonheur d'organiser une exposition sur l'archéologie antique à travers les merveilleuses collections de vos musées que j'ai revues encore tout récemment.