A force de faire la politique de l'autruche, ligue et fédération sont aujourd'hui dans de bien mauvais draps. Ceux qui n'ont pas assisté à une assemblée générale extraordinaire ou élective de la Fédération tunisienne de football ou alors à un Conseil fédéral (ne cherchez pas trop à comprendre la terminologie ou la différence, le but étant toujours de noyer le poisson), ne peuvent pas comprendre ce qui se passe en ce moment dans cet imbroglio qui concerne le passage au play-off. Cela fait des semaines et des semaines que les clubs, les journalistes et l'opinion publique exigent de savoir avec précision le sens exact de l'article régissant le passage au play-off en cas d'égalité finale au classement de trois clubs. Cela fait des semaines que fédération et ligue font la politique de l'autruche, refusent de voir la réalité en face et misent sur une issue classique (un premier et un second) qui leur ôterait une épine du pied. Mais, comme d'habitude, le calcul s'est avéré faux et les voilà dans de bien mauvais draps et responsables d'une situation dont personne ne peut prévoir l'issue. Sportive et autre. Et pour cause : toute décision sera contestée par la partie lésée. Mais voyons en détail la chronologie de cette histoire rocambolesque. Les clubs : qu'on se le dise : les clubs sont à l'origine et à l'arrivée responsables des lois que la FTF promulgue. Ils proposent ou alors disposent. Dans la réalité, nous assistons dans les assemblées de la FTF à une véritable mascarade qui a pour seul but d'élire un bureau fédéral et non de faire des lois pour faire progresser notre football. A ce point de la situation, nos clubs n'ont que les lois et la fédération qu'ils méritent. La Ligue : elle gère le championnat et elle est responsable de tout ce qui s'y passe. Elle aurait dû, elle pouvait ne pas en arriver là, mais à son tour, elle a misé sur un scénario et une issue classiques. Mais nous savons depuis très longtemps que la ligue n'est qu'une institution fantoche, sans pouvoir et sans poids aucuns. Cette situation est le énième camouflet pour une ligue qui doit regarder de l'autre côté de la Méditerranée pour voir le poids et la crédibilité des Ligues française, italienne, espagnole ou encore, par-delà la Manche, en Angleterre. La FTF : après presqu'une année d'exercice, nous sommes en mesure de dresser un premier bilan de l'actuelle Fédération tunisienne de football. Une élimination au premier tour de la CAN. Un refus de faire un bilan de cet échec. Une mauvaise mise en scène pour la désignation du nouveau sélectionneur national. Un championnat à huis clos. Des clubs en faillite. Une polémique président de la FTF-ministre de la Jeunesse et des Sports ponctuée par une lettre ouverte scandaleuse du premier à... Rached Ghannouchi, président d'un parti, pour se plaindre d'un membre du gouvernement. Que va nous inventer cette fois-ci Al Jary si le Club Africain ou le CAB refusaient à juste titre un verdict s'appuyant sur une loi floue et en tout cas sujette à plusieurs interprétations? Une seconde lettre à Ghannouchi, à Ali Larayadh ou alors à... l'émir du Qatar?! Entre la décision de la Ligue, et celle du comité d'appel relevant de la FTF, Cnas (Comité national d'arbitrage sportif), c'est la porte ouverte à tous les scénarios-catastrophes. Et cette fois-ci, le président de la FTF ne peut pas jeter la responsabilité sur Tarek Dhiab ou quelqu'un d'autre. Il doit assumer!!! Voilà, en effet, une institution, la FTF, devenue source de danger public. Ce problème d'accès au play-off résolu ou pas, il est grand temps que les clubs se réveillent de leur torpeur, lui retirent leur confiance pour passer à l'élection d'un nouveau bureau fédéral capable de prendre à bras le corps les véritables problèmes de notre football. Et s'ils ne le font pas, ils seront, pour la énième fois, complices d'un statu quo dont nous mesurons aujourd'hui l'ampleur des dégâts.