«L'amélioration de la situation financière ne s'est pas traduite par une reprise soutenue de la croissance et du rythme de création d'emplois», relève Mme Lagarde «Passer d'une économie à trois vitesses à une économie mondiale en pleine vitesse», a répété à deux reprises Mme Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, lors de la conférence, tenue hier au siège du FMI, à Washington. Par cette annonce, Mme Lagarde véhicule un fort message à tous les décideurs pour entreprendre, chacun dans son pays, les politiques idoines au développement local. En effet, «avec une croissance mondiale de 3.3%, on peut dire qu'on a évité le pire», rassure la DG. Mais du chemin reste à faire. D'ailleurs, l'économie mondiale reste tirée par les bonnes performances du premier groupe, formé par les pays émergents, dont la croissance passerait à plus de 5%, à partir de 2015. Pour ce groupe, les politiques devraient prévoir la formation de bulles sectorielles et limiter les risques inhérents aux importants flux financiers qu'il attire. «Il faut investir dans l'avenir, notamment dans les infrastructures, l'éducation... », ajoute-t-elle. Le deuxième groupe, formé par les Etats-Unis, la Suède et la Suisse, le précipice budgétaire, notamment pour la première puissance, a été évité. Pour ce qui est du troisième groupe formé par la zone euro et Japon, Mme Lagarde a rappelé que les dirigeants européens ont fourni des efforts louables pour soutenir le système bancaire et aller de l'avant vers une union bancaire. «Le Japon doit réduire son taux d'endettement». En somme, il faut se pencher sur les risques du passé «en réformant le secteur financier et attribuer une attention particulière aux banques parallèles et aux produits dérivés», précise-t-elle. Car, « l'amélioration de la situation financière ne s'est pas traduite par une reprise soutenue de la croissance et du rythme de création d'emplois», ajoute-t-elle. Sur un autre plan, le FMI, qui se veut un miroir de l'économie mondiale, selon Mme Lagarde, est en passe de changer. La révision des quotes-parts des pays dans l'institution est l'une des modifications substantielles qui permet de refléter, le plus fidèlement, l'économie mondiale. Mais elle reste aussi des plus douloureuses décisions à mettre en œuvre compte tenu de la résistance des pays partenaires qui verraient leur position dans la prise de décision s'affaiblir. De bonnes et de moins bonnes nouvelles S'agissant de la Tunisie, elle a fait savoir, après la conférence de presse, que la fin de la semaine apporterait de bonnes nouvelles. Ce qui laisse à réfléchir que la confirmation de l'accord pour le crédit de 2.7 milliards de dinars est presque prête. Plus généralement, pour les pays du printemps arabe, elle a insisté sur le fait que la croissance est un facteur de stabilité. «Ces pays sont hétérogènes. Il nous faut ajuster les instruments selon les spécificités de chacun de ces pays», relève-t-elle. «Lorsque nous proposons des changements, il faut que nos homologues soient là», déplore-t-elle, en illustrant l'exemple des négociations avec l'Egypte. La directrice du FMI, Christine Lagarde, a fait savoir qu'elle serait heureuse de se rendre à Paris, sa ville natale, fin mai prochain, pour qu'elle soit auditionnée sur l'affaire de Bernard Tapie. «Je savais depuis 2011 que je serais interrogée et on a fixé une date en fin du mois de mai», déclare-t-elle sereinement. Cette affaire pourrait entamer la position de Mme Lagarde à la tête du FMI.