C'est après maints efforts fournis pour promouvoir leur cause et devant une certaine volonté de la part du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) de séparer les réfugiés statutaires de ceux non statutaires dans le camp de Choucha que des dizaines de réfugiés dudit camp ont observé vendredi un sit-in devant le siège de l'Assemblée nationale constituante (ANC). La principale demande de ces réfugiés est le transfert de leurs dossiers, ainsi que de plus de 300 personnes dans la même situation, aux pays de réintégration. Tout en dénonçant la discrimination dont ils souffrent dans le traitement de leurs dossiers de la part du HCR ainsi que la pression exercée sur eux pour quitter le camp des réfugiés, ils ont tenu à refuser l'intégration en Tunisie que proposent le HCR et le gouvernement tunisien comme solution. «Nous sommes un groupe formé de trois cents personnes de différentes nationalités : palestinienne, somalienne, tchadienne, soudanaise et autres», et dont 52 enfants et des jeune sans famille, a précisé Imed Mohamed, réfugié originaire du Soudan. Selon lui, ce groupe de réfugiés a fui la guerre en Libye, mais il a été l'objet d'une discrimination dans le traitement de leurs dossiers par le HCR qui a refusé leur transfert vers les pays de réintégration à l'instar d'autres réfugiés transférés en Amériques (Nord et Sud), en Europe, ou encore en Afrique du Sud. «A travers des coupures d'électricité et d'eau dans notre secteur au camp de Choucha, on essaie de nous forcer à accepter l'intégration locale en Tunisie. Les conditions de vie sont devenues depuis novembre dernier inhumaines et nous sommes la cible d'insultes et autres actes. Le HCR et le gouvernement tunisien menacent de fermer le camp d'ici juin prochain. Nous demandons à ce que ce délai soit prolongé afin de trouver une solution radicale à cette situation. Nous refusons cette intégration locale en Tunisie vu que la situation sécuritaire, politique, économique et sociale n'y est pas stable. Et c'est le cas pour les autres pays d'Afrique du Nord et du printemps arabe», a-t-il ajouté. Une situation inhumaine à Choucha Par ailleurs, et depuis le 26 mars dernier, un groupe de réfugiés non statutaires observent un sit-in devant le siège du HCR à Zarzis. De même, ce groupe est entré en grève de la faim depuis le 29 mars. «Après l'hospitalisation de 15 personnes à cause de cette grève, nous avons continué notre protestation, tout en prenant un peu de sucre et d'eau, rien de plus, et ce, pour pouvoir tenir le coup. Nous n'avons eu aucun soutien à l'exception d'un groupe de jeunes activistes tunisiens et d'une association (Article 13). Nos demandes et lettres adressées à plusieurs ministères dont le Premier ministère, ceux de la Justice, des Affaires sociales et de la Justice transitionnelle, n'ont abouti à aucun résultat. Nous sommes venus présenter nos problèmes et nos doléances à l'ANC et lundi nous engagerons un sit-in devant le siège de l'Union européenne. Les conditions de vie sont inhumaines au camp de Choucha, ce qui va à l'encontre de nos droits de réfugiés et des conventions internationales et autres éthiques religieuses», a conclu Imed Mohamed. Par ailleurs, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes) a lancé tout récemment un appel d'urgence dans lequel il condamne «le traitement inhumain et dégradant des réfugiés du camp de Choucha». Selon un communiqué publié il y a trois jour par le Ftdes, une visite sur le terrain a permis à une équipe dudit forum de constater une volonté de la part du HCR de séparer les réfugiés statutaires de ceux non statutaires. De même, il constate que le secteur E, où ont été regroupés les non-statutaires, connaît d'énormes problèmes dont des coupures d'eau et d'électricité pouvant mettre en danger la vie des habitants du camp. Le Ftdes a condamné ces pratiques et a appelé à ce que le rétablissement de la situation soit immédiat avec notamment l'accès à la nourriture, aux soins médicaux et à l'éducation pour l'ensemble des habitants du camp, sans discrimination. De même, il a appelé à ce que ce camp soit maintenu avec tous ses services jusqu'à ce qu'une solution juste et durable soit trouvée pour tous les réfugiés quel que soit leur statut. Le Ftdes a réitéré sa revendication principale du réexamen de l'ensemble des dossiers des réfugiés dont le statut a été rejeté. Les réfugiés de Choucha demeurent un dossier d'urgence auquel les solutions ne font pas défaut de par les conventions internationales qui ont suffisamment cadré ce genre de situation...