A chaque fois qu'on assiste à un concert de musique classique ou baroque , on aime tant à se le dire le cœur gai et optimiste : oui ! la musique classique va bien en Tunisie ! C'est qu'à la fin de chaque concert d'un orchestre symphonique tunisien, guidé par des maîtres tunisiens, on en sort l'esprit élevé et l'âme extasiée . Et la soirée de mardi dernier venait confirmer ce bien-être. Auquel s' ajoute un point important , c'est que le public a été là. Malgré les intempéries, malgré l'heure tardive, la bonbonnière a été dignement comblée . Les oreilles n'étaient pas en reste dans ce spectacle éblouissant. L'orchestre était conduit de main de maître par Hafedh Makni, dans un premier temps, puis par le chef d'orchestre bulgare Miroslav Hafousov. Tous deux, en état de grâce, ont donné au répertoire classique toute sa clarté et sa luminosité. Cordes soyeuses, pépiante harmonie entre viloncelles et piano, et des cuivres d'une justesse irréprochable. En osmose totale avec ses musiciens, qui se livraient à lui avec une exceptionnelle confiance, Hafedh Makni nous a littéralement transporté hors du temps, par ses qualités narratives et sa belle conception de ce répertoire baroque qui s'étale des compositions de Jean Sébastien Bach , en passant par ses contemporains français, italiens et anglais, aux œuvres romantiques de Jacques Offennbach. Atteignant une belle homogénéité, l'interprétation de l'orchestre fut véritablement éprouvante, tour à tour lyrique, joyeuse et passionnée — le cas de la composition de M.A. Charpentier, “Te Deum"— ou majestueusement mélancolique et nostalgique, le cas de la fameuse Adagio d'Albinoni, interprétée aux sons d'orgue d'église . Les affinités électives éclatantes qui existent entre le chef, l'orchestre, et le pianiste résultent en un Concerto de J.S. Bach, narratif, hautain, mystérieux, qui fut un vrai régal pour les sens ! Ensuite, et en écoutant des extraits des quatres saisons de A. Vivaldi , on se demande si on pouvait attendre dans ce répertoire, et pour cette partition, une meilleure phalange! Le chant des frondaisons, l'éveil de la nature, le chaos des orages, sans omettre la chaude humanité festive , ivre de vitalité, passionnée par les couleurs et les climats, : l'on comprend aussi l'évocation des Saisons, à travers les beaux tableaux illustrateurs qui défilent en arrière-plan de la scène . En passant d'une composition à une autre , le chef d'orchestre trace ses lignes et ses chemins fortement structurés sur lesquelles les musiciens bondissent, et projettent les notes avec netteté et justesse. On a eu également le plaisir de découvrir durant cette soirée une œuvre tunisienne signée Hichem Makni et intitulée “Les dunes “. Une œuvre d'une extrême finesse et beauté. Cerise sur le gâteau et au plaisir des grands et des petits, l'Orchestre nous a offert en compagnie de charmants solistes agréablement déguisés, âgés entre 6 et 12 ans , une belle interprétation d'une œuvre joyeuse et pleine d'enthousiasme juvénile, celle de Léopold Mozart, “La symphonie des jouets “. Un beau concert. Le ravissement et l'adhésion du public n'étaient que justice ! Légende: L'Orchestre symphonique tunisien, dirigé par Hafedh Makni