Les Américains, incontestablement les plus touchés, en ont fait l'amère expérience Le déminage avant le ratissage Logiquement, il fallait s'y attendre. L'explosion d'une série de mines terrestres, survenue ces derniers jours à Djebel Chaâmbi et qui a causé de graves blessures à treize gardes nationaux et militaires, ne doit en effet surprendre personne. Pas, en tout cas, les connaisseurs avertis en matière de lutte contre le terrorisme. Deux références, au moins, l'attestent, à savoir : – Primo : il est communément établi, depuis la première guerre d'Afghanistan, que l'usage des bombes artisanales et le recours à la terrifiante tactique des «champs minés» constituent l'une des principales forces de frappe des jihadistes, et particulièrement ceux d'Al Qaïda et des talibans qui la préfèrent aux attentats à la voiture piégée, voire aux rapts contre rançon. C'est que les terroristes optent inévitablement pour cette douloureuse pratique, chaque fois qu'ils ont à assurer la protection de leur cachette, et par là l'échec des opérations de ratissage et des descentes effectuées par «l'ennemi». – Secundo : il serait parfaitement stupide de dramatiser ce malheureux accident de Djebel Chaâmbi, dans la mesure où les Américains en ont fait l'amère expérience, en dépit de leur extraordinaire puissance militaire et des techniques de repérage ultra-sophistiquées dont ils disposent. Outre les Yankees qui avaient perdu des milliers de soldats en Afghanistan et en Irak alors pulvérisés par des bombes artisanales, qui dans les montagnes, qui au bord même de la route, il faut se référer aussi à un exemple plus proche de nous, à savoir celui de l'Algérie, ce pays ayant essuyé plusieurs revers meurtriers attribués à cette même pratique chère aux terroristes et qui commence également à faire sensation dans le conflit embrasant actuellement le Mali. Pour éviter d'autres dégâts Autant dire que ça n'arrive pas qu'aux autres et que ce qui s'est passé à Djebel Chaâmbi pourrait, faut-il oser le dire courageusement, se reproduire à tout moment, s'agissant d'un combat âpre livré à un adversaire qui reste, par désespoir mais aussi par conviction, capable de tous les actes suicidaires, voire désastreux. Et si le nombre des victimes s'est sensiblement réduit récemment dans leurs rangs, c'est parce que les Américains et les Algériens, selon des experts avertis, savent désormais composer avec «les champs minés», en mobilisant de nouveaux moyens de défense et de détection, susceptibles d'éviter ce genre de pièges. C'est pourquoi, nous espérons vivement que la Tunisie s'en inspirera. L'idéal serait alors de voir les expéditions de ratissage précédées d'opérations de déminage, quitte à solliciter l'aide étrangère, notamment occidentale où les démineurs aguerris se comptent par milliers. Cela, d'autant plus qu'il s'est avéré que «bombarder» les cachettes montagneuses des jihadites a fait la preuve de son inefficacité, l'exemple inoubliable de Tora Bora en Afghanistan étant la plus éclatante des illustrations.