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Au « cimetière des empires »
Chronique du temps qui passe - Par Hmida Ben Romdhane
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 11 - 2010

Les Soviétiques s'étaient englués en Afghanistan du 27 décembre 1979 au 15 février 1989, soit 9 ans et 50 jours. Les Américains, qui avaient déclenché leur guerre d'Afghanistan le 7 octobre 2001, ont surpassé jeudi dernier leurs malheureux prédécesseurs. Ce dimanche 27 novembre, cela fait 9 ans et 53 jours que les Etats-Unis sont englués dans ce «cimetière des empires», et le bout du tunnel, si bout il y a, est encore loin.
On nous a dit d'abord que l'armée américaine quittera les lieux en 2011. Et puis, tout compte fait, non, ce n'est pas possible. Ensuite, on nous jure que cette fois c'est décidé, c'est réfléchi, c'est sûr, le départ des GI's est programmé pour 2014. Et puis, le doute s'installe aussitôt de nouveau. Oui, bon on quitte l'Afghanistan d'accord, mais on ne l'abandonnera pas à son sort et on ne le laissera pas redevenir un camp d'entraînement géant pour les terroristes.
Ces valses-hésitations montrent le degré de confusion des Etats-Unis, dont l'armée s'était laissé entraîner dans le piège afghan par une série de décisions dont la plus désastreuse était celle de George W. Bush qui, en 2003, avait décidé d'attaquer l'Irak, laissant les choses pourrir en Afghanistan.
En intervenant le 27 décembre 1979 en Afghanistan, les Soviétiques étaient à mille lieues de penser qu'ils allaient livrer leur ultime bataille de la guerre froide. Si elle n'avait eu que les rebelles afghans à combattre, l'URSS en serait sans doute venue à bout facilement et le régime pro-soviétique installé à Kaboul aurait eu une longévité beaucoup plus importante.
Les Soviétiques avaient affronté les rebelles pendant plus de neuf ans. Et si ceux-ci avaient tenu aussi longtemps, bien qu'ils fussent une mosaïque politico-ethnique, c'est parce qu'ils étaient armés et financés par la CIA qui avait acheminé jusqu'à 2000 fusées portables Stringer et des valises de billets verts distribués généreusement à quiconque, intégriste ou laïc, Afghan ou Arabe, prêt à combattre l'ennemi numéro un des Etats-Unis, l'Union soviétique.
Tous les historiens sont pratiquement d'accord pour dire que l'élément déterminant dans la défaite soviétique en Afghanistan, c'était le missile Stinger. Cette petite fusée, qui ne pesait pas plus de 15 kilogrammes, se portait sur l'épaule et était très efficace contre les hélicoptères et les avions de combat qui volaient a basse altitude. Son utilisation massive par les résistants afghans avait provoqué la destruction de centaines d'hélicoptères et, finalement, la défaite de l'armée soviétique, préfigurant l'écroulement de l'URSS.
En intervenant le 7 octobre 2001 en Afghanistan, les Etats-Unis, en comparaison avec l'aventure soviétique, avaient une tâche très facile à accomplir. Ils avaient à détruire un régime honni, isolé, détesté par son peuple et par l'ensemble de la communauté internationale, sauf peut-être le Pakistan, pour ses pratiques moyen-âgeuses.
De plus, contrairement aux Soviétiques qui avaient fait face à une condamnation universelle en 1979, les Américains avaient bénéficié d'un soutien ouvert ou tacite de la part de la quasi-totalité de la communauté internationale. Le régime des talibans avait vite fait de s'écrouler et les terroristes d'Al Qaïda, responsables des attentas du 11 septembre 2001, subissaient des bombardements intensifs dans les montagnes de Tora Bora. En un mot, c'était la débandade générale. Les talibans et les partisans de Ben Laden qui avaient survécu aux «tapis de bombes» des B52 cherchaient désespérément un répit. Il leur avait été offert sur un plateau d'argent grâce à la fixation pathologique du régime de George Walker Bush sur l'Irak.
La concentration de la force politico-militaire américaine sur l'Irak avait permis aux talibans et à Al Qaïda d'avoir un répit de quelques années, ce qui leur avait permis de regrouper leurs forces, de les réorganiser et de s'engager dans une guérilla contre laquelle 100.000 hommes en armes et 100 milliards de dollars par an (7 fois le PIB de l'Afghanistan) n'ont pas pu grand-chose jusqu'à présent.
Alors que, en hiver 2001, ils étaient sur le point de venir à bout de deux ennemis irréductibles, les talibans et Al Qaïda, les Américains se retrouvent, neuf ans plus tard, englués dans deux bourbiers. Et si, en rapatriant la moitié de leurs forces, les Etats-Unis s'efforcent de se libérer avec peine du bourbier irakien, les choses vont de mal en pis en Afghanistan où ils n'arrivent ni à dénicher l'ennemi qu'ils veulent détruire ni à déterminer l'origine de l'armement et des explosifs qu'il utilise contre eux.
En désespoir de cause, les Américains et leurs alliés de l'Otan pensaient avoir trouvé la parade en faisant savoir aux talibans qu'il était possible de trouver une solution négociée au problème afghan. Il s'agissait pour la hiérarchie militaire américaine de rééditer l'expérience irakienne en Afghanistan en créant une scission au sein de la résistance afghane. La tactique était la même : utiliser les valises bourrées de dollars comme appât pour attirer les talibans «modérés» dans le but de les impliquer dans des négociations avec le pouvoir à Kaboul.
La tactique semble avoir satisfait ses initiateurs puisque pendant des mois on a négocié avec «le mollah Akhtar Mohammed Mansour, un ex-ministre taliban et bras droit du mollah Omar». Le négociateur était protégé, chouchouté, transporté dans les avions de l'Otan pour les séances de négociation, gratifié de chèques à six chiffres, et plus il se montrait souple plus il recevait encore, jusqu'à la découverte du pot aux roses.
Le négociateur était un imposteur. Il s'agissait d'un escroc qui avait usurpé une identité pour s'enrichir. Dans d'autres circonstances, nul ne se serait inquiété d'un tel incident d'une banalité très ordinaire. Mais dans ce cas précis, il ne s'agit pas d'un incident banal, mais d'un signe supplémentaire de la grande confusion qui caractérise les forces étrangères en Afghanistan qui, visiblement, ne savent plus à quel saint se vouer.
En dépit des milliards de dollars dépensés en Afghanistan, les services secrets occidentaux se sont laissés berner par un imposteur qui les a grugés pendant des mois. C'est d'autant plus étonnant que la CIA connaît bien le pays où elle est présente depuis 1980. Hier, comme aujourd'hui, entrer en Afghanistan est nettement plus facile que d'en sortir. Hier comme aujourd'hui, quiconque se frotte au «cimetière des empires» y laisse beaucoup de plumes.


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