Après plus de 20 ans d'éclipse, la revue Founoun (arts), éditée par le ministère de la Culture, réapparaît dans une nouvelle formule moderne et accueillante. Elle consacre son premier numéro à l'art dans les espaces publics et à la problématique de la citoyenneté D'après l'éditorial du ministre de la Culture, directeur responsable de la publication, il n'y a aucune explication « administrative » concernant la disparition soudaine de cette revue, créée à l'époque dans les années 1980, grâce à l'initiative et à l'apport d'intellectuels et d'artistes tunisiens. Mais voilà que Founoun réapparaît, enfin, dans une édition bilingue, pour rendre compte de ce qui se fait dans le pays en matière artistique, développer et promouvoir le discours critique et exprimer différentes positions, préoccupations, et aspirations du public, des artistes, des critiques et des théoriciens. La périodicité de la revue est trimestrielle. Dans ce numéro de janvier, février et mars 2013, on propose plusieurs thèmes et axes de réflexion, dont le dénominateur commun est une interrogation sur le statut de la place publique et de son articulation avec la problématique de la citoyenneté, dans la Tunisie postrévolutionnaire. La couverture, illustrée par un mur tagué, annonce déjà la couleur et donne envie de feuilleter rapidement la revue avant de se donner le temps de lire. Mention spéciale aux photographes qui ont su capter l'instant historique, les meilleurs moments des performances artistiques et recadrer les œuvres de leurs collègues plasticiens, d'un certain point de vue et avec un certain regard. Le contenu de ces belles photos révèle, d'ailleurs, une fraîcheur. Celle d'un art pluriel, préoccupé par le réel et la réalité, dont on ne peut être que fier. Un art hors les murs, donc non conventionnel, qui va à la rencontre du public au lieu de l'attendre. Un art interactif, de proximité, porteur d'un discours intelligent, pertinent et constructif. Un art qui, tout simplement, tente d'honorer une certaine mission : celle d'être ensemble, à la quête du beau. Quant au contenu rédactionnel, signé, entre autres, par des plumes super-connues, donne plutôt envie de reporter la lecture, tant les articles sont longs et détaillés, manquant de «scénarisation». Mais ce huitième numéro de Founoun suscite quand même la curiosité. C'est un album qui ne demande qu'à être conservé. On attend impatiemment le prochain numéro qui serait peut-être trilingue (l'anglais s'ajouterait ainsi à l'arabe et au français), où les artistes pourraient trouver les feed-back de leurs œuvres, et dans lequel les chercheurs ou les journalistes pourraient, également, trouver leur compte.