Lors d'un point de presse organisé hier dans une salle de réunion à l'ANC, le ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, a assuré que les forces de sécurité traquent, depuis le mois de décembre 2012, la cellule terroriste qui s'est réfugiée dans les montagnes très difficiles du mont Chaâmbi. «Suite à un travail de renseignement, les forces de sécurité ont poursuivi les membres de la cellule terroriste autoproclamée section Okba Ibn Nafaâ, à la suite de quoi l'adjudant Anis Jellassi a été tué par un tir mortel de Kalachnikov», a-t-il expliqué. Le ministre de l'Intérieur assure que, depuis cette date, tous les efforts sécuritaires ont été mis à contribution dans l'objectif d'isoler le groupe terroriste, l'empêcher de nuire et de recruter encore plus de jeunes prêts à aller au combat. «Aujourd'hui, nous avons des informations très précises sur ces terroristes, nous savons en effet qu'il s'agit de Tunisiens et d'Algériens qui appartiennent à la cellule Okba Ibn Nafaâ, idéologiquement liée à Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi)», ajoute-t-il. Par ailleurs, il confirme l'arrestation de 37 individus appartenant au groupe terroriste dont un élément très important de la structure, arrêté mardi matin. «Il ne faut pas penser que la suppression de la sûreté de l'Etat a affaibli les renseignements au sein du ministère de l'Intérieur, il existe encore des équipes spécialisées qui ont permis l'arrestation de plusieurs individus et l'identification de toutes les personnes composant le groupe terroriste», précise-t-il. D'un autre côté, le ministre de l'Intérieur fait part de ses constatations sur le terrain à la suite de sa visite dans la zone. Une zone très vaste et très difficile d'accès, puisque le mont Chaâmbi s'étale sur environ 100 km2 et se trouve à proximité des monts Bouchebka, Le Kef et Jendouba. «Il faut savoir que ces groupes terroristes bien entraînés se déplacent de mont en mont de façon très rapide», précise le ministre. Il ajoute qu'il est difficile pour les forces de l'armée et de la sécurité intérieure de détecter les mines, car elles sont de fabrication artisanale à base d'ammonitre, de plastique et d'une seringue en guise de détonateur (sans éléments métalliques pouvant être détectés), un procédé de fabrication qui porte l'empreinte d'Aqmi. Critiquant les avis de certains «experts stratégiques», le ministre de l'Intérieur explique qu'il est impossible de bombarder une zone aussi large, surtout que le mont Chaâmbi est clairsemé de petites habitations qui peuvent être touchées. Il explique enfin que dans cette affaire, il n'est pas question de dramatiser outre mesure l'importance de ce petit groupe de terroristes mais que dans le même temps, c'est un sujet qu'il ne faudrait pas négliger. Interpellé en séance plénière sur les expéditions djihadistes des Tunisiens en Syrie, le ministre de l'Intérieur a annoncé le démantèlement de 5 réseaux (2 à Tunis, 2 à Bizerte et un dans le sud) et l'interdiction à plus de 1.000 individus suspects de quitter le territoire tunisien en direction de la Syrie. En ce qui concerne la loi antiterroriste, le ministre de la Justice, Nedhir Ben Ammou, intervenant devant les députés de l'ANC en séance plénière, se prononce quant à lui en faveur de son maintien malgré l'existence de quelques textes inappropriés qu'il faudrait réviser. Selon lui, il n'y a pas à avoir honte d'user de cette loi instaurée en 2003 dans le cadre des efforts internationaux pour le combat contre le terrorisme. «Cette loi a pour avantage de centraliser les affaires liées au terrorisme, qui sont affectées au Tribunal de première instance de Tunis, ce qui facilite la protection des magistrats dans l'exercice de leur profession», explique-t-il.