PARIS (Reuters) — Deux plaintes ont été déposées par des Français qui se trouvaient à bord de la flottille humanitaire pour Gaza arraisonnée lundi par Israël, a annoncé hier leur avocate, Liliane Glock. Ces plaintes ont été déposées à Marseille et à Evry, près de Paris, pour «enlèvement, séquestration, violences avec armes, détournement de navire et vol», a-t-elle dit. L'avocate des six Français rentrés jeudi soir à Paris après avoir été détenus dans une prison israélienne a précisé que d'autres plaintes allaient suivre rapidement. Me Liliane Glock a appelé les autorités françaises à ouvrir d'elles-mêmes une enquête judiciaire ou à poursuivre Israël pour crimes de guerre devant la Cour pénale internationale si elles préféraient «la voie de la justice internationale». «Ce qui est arrivé en haute mer, c'est très exactement un crime de guerre et c'est indiscutable. Attaquer un convoi humanitaire en haute mer, c'est un crime de guerre qui relève de la Cour pénale internationale», a-t-elle dit en marge d'une conférence de presse. L'un des Français à bord de la flottille pour Gaza, Thomas Sommer-Houdeville, a assuré de son côté que d'autres bateaux tenteraient de forcer à nouveau le blocus malgré la violence de l'assaut israélien, qui a fait neuf morts selon l'armée israélienne. Il a également reproché aux autorités françaises de n'avoir fourni qu'une assistance sommaire au groupe détenu en Israël, contrairement aux autres gouvernements. Passeports et effets personnels volés «On s'est senti abandonnés par le gouvernement français, nous n'avons pas vu l'ambassadeur, nous n'avons pas vu le consul mais un attaché culturel pendant cinq minutes», a-t-il dit. Il a prévenu qu'un bateau français partirait «dans quelques mois» pour la bande de Gaza, a-t-il ajouté. Thomas Sommer-Houdeville, membre de la Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien (Ccippp), se trouvait à bord du bateau Sofia. Il a dénoncé une attaque «de la pire des violences» menée par «vingt bateaux de guerre, des commandos masqués et surarmés» face à des «civils désarmés». Selon le militant, les armes que la marine israélienne prétend avoir trouvées à bord du Sofia sont en fait l'équipement de base de tout navire: haches, feux de détresse, couteaux de cuisine. «Ils ont fait le tour du bateau et sont revenus très fiers en criant “Weapons !” (“armes” en anglais). Ils ont brandi des sacs contenant des haches, des couteaux et un cutter», a-t-il dit. «On n'est même pas dans la disproportion. Les gens qui sont morts ont été assassinés». Thomas Sommer-Houdeville a affirmé qu'après l'arraisonnement du Sofia et son mouillage dans un port du sud d'Israël, les membres de la flottille avaient été «jetés en prison comme des chiens» à 80 par cellule. Le lendemain matin, les autorités israéliennes ont laissé entrer dans le centre de détention les consuls et les ambassadeurs des pays ayant des ressortissants détenus. Selon Thomas Sommer-Houdeville, les Français n'ont eu droit qu'à la visite d'un attaché culturel qui a pris leurs noms. Il a affirmé qu'une fois la décision prise par Israël d'expulser les membres de la flottille, les Français n'avaient dû qu'à l'aide de l'ambassadeur grec de pouvoir regagner Paris, via Athènes. Le diplomate grec aurait eu toutes les peines du monde à obtenir de ses homologues français un laisser-passer lui permettant d'embarquer le groupe de Français. Selon Thomas Sommer-Houdeville, les Israéliens ont en effet expulsé les détenus après leur avoir pris leurs passeports, cartes d'identité, téléphones portables, moyens de paiement et autres objets personnels. D'où les plaintes pour vol déposées par Me Liliane Glock.