KABOUL (Reuters) — Les milliers de notables et dignitaires tribaux réunis à Kaboul ont officiellement approuvé la proposition du Président afghan Hamid Karzaï de lancer un appel à la paix en direction des talibans, hier, au dernier jour d'une grande assemblée traditionnelle. Le Chef de l'Etat, réélu l'an dernier dans des conditions contestées, avait convoqué cette "jirga" pour la paix dans le but d'obtenir un soutien formel à son offre de réconciliation avec les miliciens islamistes. Hamid Karzaï espère ainsi mettre fin au conflit qui affecte le pays depuis neuf ans avant le début du retrait des forces américaines, programmé à partir du milieu de l'année prochaine. "Nous devons engager fermement les efforts de paix", a déclaré Qiyamuddin Kashaf, président de la jirga, en lisant les résolutions adoptées par l'assemblée. Les 1.600 délégués, qui sont censés représenter toutes les composantes ethniques, politiques et géographiques du pays, ont également pressé les belligérants de déclarer un cessez-le-feu afin de permettre au processus de paix de progresser. Le plan de paix proposé par Karzaï et validé par la jirga vise à inciter les "talibans de base" à se rallier au régime en leur proposant une amnistie, de l'argent et des emplois. Les chefs du mouvement pourraient, quant à eux, bénéficier de dispositions visant à obtenir l'asile dans un pays étranger. Un soutien symbolique L'issue de cette conférence était largement prévisible, le gouvernement ayant sélectionné les participants avec soin et fixé les grandes lignes de la discussion. L'aval de la grande assemblée traditionnelle risque par ailleurs de rester purement symbolique, le mouvement islamiste ayant fait du retrait total des troupes étrangères un préalable à tout compromis. "Globalement, tous les efforts des troupes étrangères d'occupation, y compris la convocation d'une jirga à leur demande et sous leur coupe, ne vise qu'à servir les intérêts étrangers", disent-ils dans un communiqué diffusé sur leur site Internet. En dépit d'un important dispositif de sécurité, les talibans sont d'ailleurs parvenus mercredi à perturber la première journée des débats en tirant trois roquettes en direction de l'immense tente qui abrite la jirga, au moment même où le président s'adressait à l'assemblée. Ces tirs n'ont pas fait de victimes.