Le Temps-Agences - Le président afghan Hamid Karzaï a prêté serment hier pour un second mandat en tentant de donner des gages à la communauté internationale, promettant de mettre fin à la "culture de l'impunité" et fixant un horizon de cinq ans pour que Kaboul reprenne les rênes de la sécurité du pays. Son discours d'investiture était très attendu par la communauté internationale, qui multiplie les pressions pour qu'il éradique la corruption qui prévaut jusqu'au sommet de l'Etat et restaure une légitimité mise à mal par une réélection entachée de fraudes massives. "L'Afghanistan est déterminé à éliminer la culture de l'impunité et de la violation des lois. Les corrompus seront traduits en justice", a-t-il promis, alors que l'Afghanistan occupe le second rang des pays les plus corrompus au monde selon le classement 2009 de l'ONG Transparency international. "La communauté internationale a des attentes très claires (...), nous voulons voir M. Karzaï arriver à des résultats pour tous les Afghans", a souligné depuis Londres le Premier ministre britannique Gordon Brown. "Nous espérons que les forces afghanes pourront prendre en charge la responsabilité de la sécurité dans cinq ans", a également indiqué le président afghan. Environ 100.000 militaires étrangers venus d'une quarantaine de pays sont déployés en Afghanistan et le président américain Barack Obama étudie l'envoi de dizaines de milliers de soldats en renfort. Les militaires américains forment déjà plus des deux tiers des troupes étrangères. Au moment où M. Karzaï prêtait serment, deux attentats dans deux provinces du sud, bastion des talibans, ont tué dix civils pour l'un, deux soldats américains pour l'autre. Le chef de l'Etat a lancé un nouvel appel aux insurgés "qui ne sont pas directement impliqués dans le terrorisme international", pour "mettre fin à ce conflit fratricide", promettant d'organiser une loya jirga (assemblée tribale traditionnelle), pour apporter "paix et sécurité". Hamid Karzaï a enfin promis de combattre le trafic de drogue, "une grave menace, directement liée au terrorisme et à la corruption" et de nommer des ministres "honnêtes et au service du peuple". La composition du gouvernement va constituer un nouveau test, entre les demandes de la communauté internationale et les contraintes intérieures. Depuis 2002, les gouvernements d'Hamid Karzaï étaient formés d'un subtil équilibre entre seigneurs de guerre, chefs tribaux et technocrates formés à l'étranger. M. Karzaïa été réélu à la tête de l'Etat à l'issue d'un scrutin calamiteux, marqué par des fraudes massives en sa faveur lors du premier tour le 20 août, et le retrait de son adversaire Abdullah Abdullah avant le second tour. Le président afghan a tendu la main hier à son "frère" Abdullah, mais ce dernier a refusé de participer à un gouvernement d'union nationale. "Je ne pense pas que le prochain gouvernement, fondé sur une élection dominée par les fraudes, puisse répondre aux demandes du peuple afghan", a-t-il rétorqué, concluant: "M. Karzaï n'a fait que répéter les mêmes promesses qu'au cours des huit dernières années". Hamid Karzaï a prêté serment devant le président de la Cour suprême, au cours d'une cérémonie au palais présidentiel. Le centre de Kaboul avait été bouclé de crainte d'un attentat des talibans.