Les réserves d'eau dans le gouvernorat de Sidi Bouzid sont estimées à 225 millions de mètres cubes Une étude réalisée par la Société nationale d'exploitation et de distribution des eaux (Sonede) prévoit que plusieurs régions du pays, dont Sidi Bouzid, enregistreront un déficit important en eau potable à l'horizon 2020 si les ressources actuelles disponibles ne sont pas renforcées. Les réserves d'eau dans le gouvernorat de Sidi Bouzid sont estimées à 255 millions de mètres cubes, dont 110 millions sont des eaux de surface et 144 millions sont souterraines. Environ 175 millions m3 sont exploités, soit 68,8% de la totalité de ses ressources. On relève une surexploitation des eaux souterraines, estimée à 135%, et une baisse de l'exploitation des eaux traitées (33%). Les eaux de surface enregistrent une exploitation limitée évaluée à 67%. Le gouvernorat de Sidi Bouzid ne compte que sur ses ressources hydriques propres pour approvisionner tous ses secteurs économiques en eaux d'irrigation et potable, ce qui l'oblige à prendre les mesures appropriées pour préserver sa richesse hydrique. Selon Ali Msalmi, expert dans le domaine, les moyens susceptibles de garantir la durabilité du système hydraulique réside notamment dans la préservation des ressources à travers la lutte contre la pollution, la gestion rationnelle des ressources renouvelables ainsi que le recours aux eaux de forage dont le niveau de renouvellement est faible et une meilleure gestion des eaux pluviales. Alimenter les nappes de surface Pour l'expert, il faut accorder davantage d'intérêt aux eaux non traditionnelles à travers le dessalement de l'eau de mer, la mise en valeur et la réutilisation des eaux usées ainsi que la rationalisation de la gestion des ressources hydriques, notamment dans le domaine agricole. Il a rappelé, dans ce contexte, que la surexploitation de la nappe conduit à la dégradation de la qualité de l'eau qui devient salée et se pollue avec les produits chimiques. Il a appelé à sensibiliser les citoyens à la valeur vitale de l'eau et à mettre en place un dispositif juridique qui pénalise les pollueurs. Pour Mongi Hamdi, ingénieur au commissariat régional au développement agricole (CRDA), il faut réétudier les projets difficilement réalisables et les fractionner en plusieurs autres de manière à pouvoir faciliter leur réalisation par les groupements d'eau. Il faut également penser remettre la gestion de la distribution de l'eau des grands groupements d'habitation à la Sonede. La capacité des bassins de ruissellement dans la région est de 110 mille m3, alors que la quantité actuelle est de 30 millions m3, soit 27%, souligne Mohamed Laâmouri, expert, qui précise qu'on peut passer à 60% à travers la construction d'un barrage à Khaguet Ezzazia dans la zone frontière avec le gouvernorat de Kasserine. L'objectif étant de stocker et de contrôler les quantités d'eau de ruissellement de l'oued El Fakka estimées à 22 millions de m3. D'après l'expert, l'exploitation actuelle des nappes profondes est en deçà de ce que peuvent fournir les ressources renouvelables, puisque le surplus est de 21 millions m3. Les experts soulignent qu'à moyen et long terme, il faut continuer à stocker les eaux de ruissellement, alimenter les nappes de surface, poursuivre la recherche et l'exploration des couches géologiques dans les zones qui souffrent du manque d'eau potable et d'irrigation sur une profondeur variant entre 500 et 1.200 m. Aussi et pour une meilleure exploitation des ressources hydriques dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, un usage économique de l'eau d'irrigation, qui enregistre des pertes allant jusqu'à 30%, est recommandé, tout comme l'actualisation du recensement du nombre des puits et la révision du système d'exploitation des eaux dans la délégation de Jelma. Les experts appellent également à la mise en œuvre du projet destiné à profiter des eaux du nord du pays à travers l'axe barrage Sidi Salem, Nebhana, Houareb, pour parvenir au barrage Sidi Saad. Ce projet, arrêté le 21 mars 2013, servira à satisfaire les besoins en eau potable et d'irrigation. Les experts ont lancé un appel en faveur d'une approche participative dans la gestion des ressources hydriques et de la promotion de la recherche dans le domaine.