Le mercato arrive à grands pas. S'il est encore une fois important pour le Club Africain, il sera sage et ciblé pour les autres candidats au titre. Comme le mot est italien, quelques précisions s'imposent. Mercato, c'est marché, terme désormais popularisé dans le monde du football, désignant le marché des transferts. De mercati (au pluriel en italien), il y en a deux. Un l'été, le plus important, le second en hiver servant principalement à boucher un ou deux trous dans l'équipe. Mercatino à présent, ou petit marché, puis enfin, mercatissimo («très marché!» en traduction littérale) ou si vous voulez mercatone (grand marché). Tout ceci pour introduire la prochaine tendance de notre marché footballistique cet été ou, si vous voulez, notre mercato. Tout indique que ce sera un petit marché et, dans ce cas, ce n'est pas péjoratif, en ce sens que la presque totalité de nos clubs (exception faite du Club Africain et nous y reviendrons) ont, selon toute vraisemblance, pris le chemin de la sagesse. Celle financière évidemment, mais aussi et surtout celle sportive avec un retour des fondamentaux. Pas tous et pas de la même manière, car les deux problèmes essentiels (et cela est valable pour tous) demeurent l'infrastructure et les emplois de temps scolaires. C'est qu'il est difficile et aléatoire de faire de la formation sans une infrastructure de base et sans réaménagement des emplois de temps scolaires. Problèmes non encore résolus et qui ne sont pas près de l'être si on ne se donne pas les moyens et que les ministères concernés ne se réunissent pour trancher la question. Rappellons-nous, au passage, les promesses ou alors les —bonnes intentions— de passer à la séance unique collective. Que nous attendons encore. Mais revenons plutôt à notre sujet. Sauvages et démesurés, les mercatos obéissaient rarement à deux critères objectifs : les moyens et les besoins réels de nos clubs. D'où un énorme gâchis sur le double plan, sportif et financier. Heureusement, la tendance est à la sagesse, et on remarque cela à l'Espérance, l'Etoile, le Club Sfaxien, le Club Athlétique Bizertin et l'AS Marsa. Ceci pour les clubs se battant pour les têtes. L'Espérance, parlons-en. Le départ de Maâloul semble avoir marqué la fin d'une époque aux dires même de Hamdi Meddeb. Avec Kanzari, la musique a changé et confiance avant tout aux enfants du club et éventuellement à de jeunes joueurs. C'est le cas de Jouini, Mhirssi, Naghmouchi, Gharsallaoui, Gontassi, mais aussi Chamseddine Dhaouadi. Le marché de l'Espérance sera, de ce fait, un marché d'appoint. Un avant-centre étranger et, peut-être, un jeune gardien (on parle de Zied Jebali de l'ASM pour épauler Ben Chérifia). Et si on poussait un peu plus les prévisions, ou plutôt l'analyse, on peut prévoir un ou deux renforts à l'entrejeu pour une alternative au trio Mouelhi-Ragued-Traoui, une configuration qui limite particulièrement la créativité et le jeu offensif de l'équipe. Avec peut-être enfin une surprise : le départ de Akaïchi. Mais ce n'est qu'une supposition. Peut-être infondée... L'Etoile a, pour sa part, moins besoin de «descendre» au marché comme on dit. Le formidable travail au niveau des jeunes porte ses fruits. L'Etoile fera, de ce fait, un mini-marché réparateur avec, principalement, le recrutement d'un avant-centre et avec l'espoir et l'intention de se débarrasser de Maazou. Un joueur au niveau de l'axe central également au cas où Felhi devait partir ou alors se blesser. Pour le reste, nous ne voyons vraiment pas ce qu'ira chercher l'Etoile. Une dernière surprise comme à l'Espérance. Et si dans le cadre des nouvelles bonnes relations et l'échange des bons procédés, Akaïchi devait revenir à l'Etoile...? Club Athlétique Bizertin. Les Cabistes ont très bien travaillé ces deux dernières saisons. Cerise sur le gâteau : après le passage de Maher Kanzari et la parenthèse de l'Algérien Saâdi, le CAB a renoué avec l'enfant du club, Mondher Kebaïer. Une très belle continuité qui permet au CAB de progresser et d'économiser à la fois. Ceci n'empêche que le recrutement d'un avant-centre se fait ressentir. Enfin, le retour de prêt de Harbaoui du CSHL ne serait pas une très mauvaise idée... Passons à présent au plus gros morceau, le Club Africain. La question qui se pose tout d'abord, c'est qu'en l'absence de continuité au niveau du staff technique et en l'absence d'un directeur sportif, nous ne savons toujours pas qui prendra justement les grandes décisions sportives pour la prochaine saison. Surtout après les erreurs grossières commises tant lors du mercato estival que celui hivernal. Le Club Africain sera, de ce fait, face à deux nécessités : décrasser et recruter. Les deux opérations coûteront cher, mais on sait que Slim Riahi ne regarde pas trop à la dépense. En revanche, sa marge d'erreur devient restreinte, car cela nous étonnerait que les supporters accepteraient pareilles erreurs. Une surprise à attendre : que Slim Riahi fasse le ménage autour de lui. Car, c'est à ce niveau qu'il faudrait chercher les responsables de toutes les erreurs commises et les profiteurs de recrutements bidon milliardaires...