Soubresauts prometteurs pour une compétition qu'on désespérait de voir décoller. Mais tout cela demande confirmation Pour moult raisons, les favoris souffrent en ce moment. Bien sûr, le titre reste leur domaine privé mais, s'ils ne sont pas près d'être inquiétés par le reste de la meute, c'est que les «autres» n'ont pas les moyens et, parfois, pas le culot d'aller les titiller. Pourtant, les coups sont parfois jouables pour peu qu'on laisse les complexes dans les vestiaires. Frilosité valable pour les joueurs bien sûr mais aussi pour les entraîneurs qui affichent dans leur stratégie et leur tactique une timidité parfois déplacée. Valable enfin pour les arbitres qui s'améliorent mais qui demeurent encore un peu du côté des plus forts. Un penalty par-ci un coup de pouce par-là et voilà le «sportivement correct» assuré et rassuré. Cela n'a heureusement pas empêché les Gabésiens de rappeler aux «Sang et Or» que l'heure de la reconstruction a sonné; les Stadistes de faire la leçon à une Etoile prétentieuse et absente à la fois sous l'œil réprobateur et médusé de maître Abdelmajid Chetali (qui a d'ailleurs quitté El Menzah à la mi-temps); cela n'a enfin pas empêché les Sudistes de Gafsa de secouer le Club Africain comme un cocotier. Morale de l'histoire : on peut quand on veut. Mais il y a une autre morale également : Etoile et Club Africain continuent à faire une fixation sur l'Espérance au lieu de chercher à résoudre leurs propres problèmes. Ce qui permet toujours au champion sortant de tirer les marrons du feu et d'accomplir sa mue avec le moins de douleur possible. Espérance :chantier et débat ouverts A chaque chose, malheur est parfois bon. Il a fallu que l'Espérance tombe de très haut face à Mazembe pour qu'elle se rende compte qu'il y a danger dans la demeure. Pour bien connaître l'homme et l'entraîneur, on savait pertinement qu'avec Benzarti ça passe ou ça casse. Le brave Faouzi a l'art de doper l'équipe et les joueurs mais quand passe l'effet de la dope, gare à la chute. Merci coach mais on passe à autre chose et on se rend compte petit à petit que le jeune prodige Msakni a disparu de la circulation (vivement le retour!), que Darragi n'arrive plus à dépasser un adversaire balle au pied, que Korbi s'est dégonflé comme un pneu, que la défense n'est pas sereine et que — mais ça, on le savait déjà — Eneramo est le Père Noël de l'attaque. Alors, il faut reconstruire et cette tâche incombe à Kanzari, mais aussi au président du club, Hamdi Meddeb. Se renforcer et surtout récupérer les meilleurs : Darragi, Msakni et Korbi, garder Enermao et couver cette petite perle qu'est Ben Hamouda qui nous a bluffés avec sa technique, sa rapidité, son opportunisme et sa maturité. Pour cela, on compte sur Maher Kanzari pour le faire progresser sans recourir à la méthode de choc qu'affectionnait son prédécesseur. Mais que les inconditionnels de l'Espérance se le disent : ce ne sera pas facile et l'épisode Gabès peut se reproduire, c'est le prix à payer pour repartir de l'avant et construire une équipe capable à la fois de dominer sur le plan local et continental. Etoile : mise en place difficile Pourquoi l'Etoile n'arrive-t-elle toujours pas à se stabiliser ? Pourquoi l'Etoile est-elle passée totalement à côté face au Stade Tunisien ? L'Etoile est-elle aussi forte qu'elle ne paraît sur le papier ou alors aussi fragile qu'elle n'a laissé paraître au niveau de tous les compartiments lors de son ultime défaite face au ST ? Toutes ces questions méritent d'être posées. Une chose est sûre : il y a de la qualité et du nombre dans cette équipe, mais la mayonnaise ne prend toujours pas. Cela peut d'ailleurs s'expliquer de par ce qu'on a vu face au ST avec Chedly, Nefkha et Danilo qui jouent dans la même zone, alors qu'on aurait bien vu le Brésilien derrière les attaquants. Par ailleurs, Belakhal à droite, ce n'est pas la meilleure idée, alors que Marzouki mérite plus que le banc. Les défenseurs, eux, faute d'une bonne couverture adéquate, accusaient, pour leur part constamment un temps de retard. En attaque, enfin, on a souvent vu Akaïchi et Jebali se marcher sur les pieds, alors que le premier a trop tendance à baisser la tête et à chercher son pied gauche pour le tir. Ces deux ont visiblement besoin d'un homme comme Danilo juste derrière eux pour les servir dans le dos des défenseurs adverses. Bref, l'Etoile a besoin de choix plus clairs, sans doute plus courageux, qui feront sans doute des frustrés mais qui sont aujourd'hui nécessaires pour éviter de lourds faux pas comme face au ST. Club Africain : retards et confusion Douze points de retard avec il est vrai un match en moins, le Club Africain continue à accumuler les handicaps en dépit d'un fond de jeu respectable et d'un effectif que tout le monde lui envie. Mais, en parallèle du retour en forme de Mouihbi et de l'éclosion de l'excellent Akremi, nous avons deux avant-centres qui n'en finissent pas de plonger (Traoré et Akrout) et une défense centrale flottante. Jusqu'à quand Dhaouadi résoudra-t-il les problèmes ? Son éventuel départ n'annonce rien de bon, à moins que l'ambiance ne fasse preuve de sagesse et de stabilité. Au moins sur le plan technique. Club Sfaxien : retour au pays? Le CSS a donné l'impression ces dernières saisons qu'il n'est pas concerné par le championnat national et qu'il va chercher ses titres de gloire en coupe ou sur le continent. Ce retour au premier plan fait plaisir aux puristes, d'autant que le CSS possède un effectif jeune et de toute première qualité qui pourrait ultérieurement se perfectionner avec le technicien qu'il faut et deux à trois recrutements ciblés. Le Stade Tunisien fait enfin partie des formations qui se battent pour une place d'honneur. Patrick Liewig fait des miracles avec un effectif moyen mais appliqué. Rami Jéridi fait chaque dimanche des miracles, Tej se met en évidence alors que les Mosrati, Maâtoug et surtout Msakni se bonifient. Mais en l'absence persistante et inquiétante du public, le Stade est condamné à vendre pour vivre. Une situation qui réduit sa progression et ses ambitions. Voilà pour le groupe de tête. Pour le reste, la situation s'améliore pour les autres et pour le niveau du jeu qui est en hausse. Cela demande confirmation, stabilité et moyens. Tout un programme !