Réunion aujourd'hui du SMT pour une prise de position Le communiqué de l'ambassade américaine à Tunis, adressé avant-hier aux médias concernant le verdict du 28 mai contre les personnes accusées d'avoir participé à l'attaque contre l'ambassade américaine à Tunis le 14 septembre 2012, a suscité jusqu'ici uniquement la réaction de l'Otim (Observatoire tunisien de l'indépendance de la magistrature) dans le silence radio du ministère des Affaires étrangères, qui n'a pas réagi jusqu'ici. Dans son communiqué, l'ambassade américaine reproche au gouvernement d'avoir appris le verdict par la presse et non par la voie officielle. C'est pourquoi le communiqué a été envoyé aux médias. Ainsi les Américains ont exprimé leur inquiétude concernant «les condamnations avec sursis, les verdicts ne correspondant pas de manière appropriée à l'ampleur et à la gravité des dégâts ainsi qu'à la violence qui ont eu lieu le 14 septembre 2012». Les Américains tiennent à ce «qu'une enquête approfondie soit menée et que les instigateurs de l'attaque, toujours en liberté, soient traduits en justice». Et de conclure que «le gouvernement tunisien doit également démontrer qu'il n'y a aucune tolérance envers ceux qui encouragent et utilisent la violence pour atteindre leurs objectifs», considérant que «le verdict du 28 mai a échoué à cet égard». Il est clair, donc, que l'ambassade américaine n'est pas satisfaite du verdict. Il est vrai que certains juges interrogés et qui tiennent à l'anonymat ont émis des avis différents. Une juge avoue «avoir été surprise par les verdicts qui font preuve de mansuétude à l'égard de personnes qui ont été prises la main dans le sac, les objets volés entre les mains. Mais il est vrai que les juges peuvent prendre en considération des circonstances atténuantes telles la situation sociale des accusés, l'absence d'antécédents judiciaires, etc. D'autant plus que dans les jugements, chacun part de son propre point de vue et ses propres convictions». Un autre magistrat confie que «les actes commis par les accusés dans l'affaire de l'attaque de l'ambassade américaine le 14 septembre méritent des sanctions plus sévères. Toutefois, le ministère public peut toujours interjeter appel sans ingérence par ce genre de communiqué tel que celui de l'ambassade américaine». «Ingérence» Ahmed Rahmouni, président de l'Otim, fait une lecture du communiqué et dénonce l'ingérence de l'ambassade américaine dans un jugement auquel on peut faire appel : «L'ambassade américaine désire visiblement que la justice tunisienne révise totalement l'enquête et arrête de nouveau les présumés coupables, car il y a un bon nombre de personnes impliquées qui ont été relaxées sans qu'on leur porte aucune accusation et qu'elles soient traduites en justice. Le communiqué de l'ambassade américaine est adressé au gouvernement. En fait, il s'agit d'ingérence claire, car l'évaluation et la critique des jugements ne se font pas entre les Etats s'agissant d'une question de souveraineté. Mais quand le gouvernement tunisien a permis au FBI d'auditionner au Tribunal de première instance de Tunis Ali Hardhi, le Tunisien impliqué dans l'explosion de l'ambassade américaine à Benghazi, quand on autorise ce genre de chose, il est normal que l'ambassade américaine se permette de réagir avec un tel communiqué». Pour recueillir plus de réactions de la famille judiciaire à propos du communiqué de l'ambassade des Etats-Unis, nous avons contacté au téléphone Kalthoum Kennou, présidente de l'AMT (Association des magistrats tunisiens) qui nous a promis de réagir, puis s'est rétractée. Et ce n'est pas la première fois. Quant à la réaction du SMT (Syndicat des magistrats tunisiens), nous avons approché la présidente, Raoudha Laâbidi, qui nous a informé que «le SMT prendra position après la réunion, prévue aujourd'hui, avec l'ensemble des magistrats représentés».