Après la dernière déroute de la rébellion en Syrie et au Mali, la Libye est devenue un champ de concentration pour des milliers de jihadistes. A deux pas de nos frontières ! Les Occidentaux au secours des Libyens Ira-t-on vers l'ouverture d'un nouveau front jihadiste à nos frontières ? La question revêt une telle importance qu'elle n'a pas mis longtemps pour atterrir dans les QG des ministères de l'Intérieur et de la Défense où on voit d'un mauvais œil les derniers développements inquiétants de la situation sécuritaire chez le voisin libyen. En effet, des médias occidentaux, constamment aux aguets en matière de lutte contre le terrorisme dans le monde, ont rapporté récemment que la Libye est devenue, ces jours-ci, un vaste champ de concentration des jihadistes dont la plupart ont dû se réfugier dans ce pays après avoir été chassés, coup sur coup, du Mali et de Syrie, au terme de cinglantes déroutes qui portaient l'empreinte de la France et de Bachar Al Assad. Bruit de bottes Cette nouvelle donne a assurément de quoi inquiéter, parce que chargée d'incertitudes, voire de menaces pour la Tunisie. Et cela pour plusieurs raisons dont notamment : 1- Le nombre de ces réfugiés intégristes, tous acquis à la cause d'Al Qaïda, risque d'augmenter, sous l'effet des revers qu'ils ont subis dernièrement en terres syrienne et malienne. 2- La prolifération de la circulation des armes en Libye, déjà prospère et presque incontournable, ira crescendo avec le flux de nouveaux fugitifs. 3- De l'avis d'experts occidentaux, c'est désormais la Libye qui abrite les armes les plus sophistiquées aux mains des jihadistes, supplantant ainsi la Syrie, l'Irak, le Mali, le Yémen, la Somalie, le Niger et le Nigeria, autres fiefs notoires des acolytes du number one d'Al Qaïda, Aymen Al-Dhawahri. 4- Si les insurgés venaient à être chassés de Libye, la plus proche des retraites qu'ils pourraient s'offrir serait le territoire tunisien. 5- La situation sécuritaire ne cesse de se détériorer dans ce pays où les rebelles armés continuent, à travers des démonstrations de force à répétition, de circuler à leur aise, mettant ainsi à profit une instabilité politique sans précédent. 6- On n'épiloguera jamais assez sur la vulnérabilité des frontières libyennes avec celles des voisins (Niger, Algérie, Egypte et, bien sûr, la Tunisie). Passoire synonyme «d'aubaine incomparable» pour les aventuriers islamistes dans leur quête inarrêtable de conquête de nouvelles terres. Sur deux fronts En somme, et à bien y voir, on peut dire que ces données sont mal venues pour la Tunisie déjà enlisée dans le bourbier du Jebel Chaâmbi et qui voit, du coup, s'ouvrir un nouveau front, sans doute non moins dangereux. D'où l'interrogation suivante : la Tunisie est-elle réellement capable de mener deux batailles féroces en même temps ? «Nous sommes au courant de ce qui se passe aussi bien en Libye que le long de nos frontières avec l'Algérie», nous répond une source sécuritaire bien informée qui indique, rassurante : «Nous avons déjà pris toutes les mesures préventives qui s'imposent pour éviter de mauvaises surprises sur les deux fronts». Les USA et l'Otan s'en mêlent Concrètement, il s'est avéré que le ministère de la Défense vient de construire de nouveaux postes de surveillance à nos frontières avec la Libye, au moment même où le ministère de l'Intérieur y a renforcé ses effectifs en hommes et en engins. Il est vrai que deux précautions valent mieux qu'une. Entre-temps, la Libye, l'insécurité grandissante aidant, vient de solliciter l'aide de l'Otan qui a décidé de s'en mêler, en promettant d'aller au secours de ce pays, par l'envoi d'équipements électroniques et d'experts en matière de sécurité et d'entraînement des troupes de combat. «Mais loin de nous, du moins pour le moment, l'intention d'intervenir militairement dans ce pays», a précisé récemment le patron de l'Otan, M. Andrus Rasmunssen. De toute façon, les Américains ne l'entendent pas de cette oreille. Eux qui y ont déjà envoyé un contingent de GI's, dans le sillage du fonctionnement de leurs drones dans l'espace aérien libyen. Que nous cache donc le front libyen ?