Azdine Ben Yaâcoub a encore frappé. Hammamet frémit encore des semelles des coureuses et des coureurs Hammamet s'endort, a du mal à sortir de sa torpeur, scrute le ciel pour le soleil et pour l'espoir de voir des avions pleins de touristes déverser des hommes et des femmes de toutes nationalités dans ses hôtels. Hammamet a du mal à se rappeler du bon vieux temps; le temps où la station balnéaire la plus connue de Tunisie acceuillait la fine fleur des touristes du monde entier, qui jouait dans la cour des grands et où l'on pouvait croiser (avec un peu de chance) une star de cinéma ou un chanteur connu qu'on avait l'habitude de regarder sur des écrans noir et blanc. C'étaient les années 60 et 70, les temps héroïques du Ranch et du Mexico, de l'inégalable Vigon et des frères Megri, les temps où Hammamet était un petit village où tout le monde se connaissait, où tout le monde avait ses habitudes... Les quelques rares hôtels étaient alors pleins à craquer, en même temps que les premiers Tunisiens s'aventuraient dans ce que sont devenus aujourd'hui de véritables temples, des monuments historiques. Puis petit à petit, vint le tourisme de masse, ces hommes et ces femmes qui gagnent plus à venir en Tunisie qu'à rester chez eux. Et, dans la foulée, des vagues des pays de l'Est européen, les séjours à deux sous, le all inclusive et les prix fracassés. Pas vu venir la crise Nous n'avons pas vu venir la crise et nous avons continué à commercialiser l'image d'une Tunisie où seuls le soleil, la mer et les dromadaires avaient de la place. Comme si ce pays aux 3 mille ans d'histoire se réduisait à cela, un pays étouffé par la dictature et bradé par les politiciens. Un pays où le séjour coûtait deux visites au MacDo du coin en France, en Allemagne, en Italie ou ailleurs. Pourtant, l'équation est simple: vendre la Tunisie. La Tunisie du Nord et du Sud, du Centre et des sites archéologiques; la Tunisie de l'histoire et de la culture, mais aussi la Tunisie qui chante et qui court. Tenez, un petit enfant arraché de son village de Mellita par des parents partis chercher une meilleure fortune en banlieue parisienne s'est juré depuis quelques années de refaire de la Tunisie une toute autre direction touristique. Il a tout imaginé, tout osé et tout organisé. Et pas uniquement dans son île adorée de Jerba, mais partout où il a mis les pieds, au hasard des rencontres, des coups de cœur et des amitiés. Boxe, courses, marathons, galas. Et même plus encore. Grâce à son institution «Carthago», cet enfant de Mellita qui se bat pour la meilleure image possible de son pays est connu et reconnu en France où il collectionne les honneurs. Jamais pour lui, mais toujours pour cette Tunisie de laquelle il a été dramatiquement arraché enfant et où il est revenu avec des images, des idées et des rêves plein la tête. Des projets aussi, du concret, tous réalisés et tous réussis par Azdine Ben Yaâcoub (oui, c'est de lui qu'il s'agit). Eco, sport et tourisme C'est que l'homme a la foi. Il sait la transmettre et maîtrise parfaitement l'art et le culte de l'amitié. Chez nous et ailleurs car, même quand il n'a rien à proposer, il débarque à n'importe quelle période de l'année avec une bande de copains de l'étranger, alerte ceux sur place et fait tout simplement la fête. Au Sud, son nouveau grand amour, et, incontournablement, à Djerba où «l'air empêche de mourir», comme l'avait si bien dit Gustave Flaubert. Tenez, il y a quelque temps, il a débarqué avec un certain Didier Lehénaff, un illustre inconnu chez nous, une star en Europe et dans le monde. Président de SVPlanète, cadre à l'Insep, président de European Triathlon Union et de bien d'autres choses encore. L'idée est de sensibiliser les Tunisiens à l'écologie et au sport. Une conférence avec visionnage dans un collège de l'île de Djerba, des enfants réceptifs et ravis. Ecologie, sport et tourisme, voilà un filon extraordinaire pour notre pays en mal d'idées et de devises. Vous n'avez aucune idée de ce que Azdine Ben Yaâcoub peut faire pour vous. Le week-end dernier, c'était le marathon de Hammamet. Le 9e de la série. «Courir pour la Tunisie qu'on aime», un slogan simple comme bonjour qui a rameuté des professionnels et des amateurs de partout : Japon, Grande-Bretagne, Italie, Suisse, Belgique, Allemagne, France, Espagne, Maroc, Algérie et Tunisie. Hammamet s'est du coup réveillée de sa torpeur. La Tunisie et le tourisme autrement que par les images d'Epinal, du soleil, de la mer et du désert. Voici les gagnants et lisez les commentaires.