Là où il ya de l'intérêt, il y a de l'action. En quelques jours, on a vu se succéder à Tunis une pléiade d'argentiers et de responsables de haute facture de grandes institutions financières internationales. Le premier vice-président de la Banque européenne de reconstruction et de développement (la Berd) inaugurait mercredi un bureau à Tunis. Un bureau tout particulièrement dédié au financement du secteur privé tunisien et qui sera sans doute aussi un des meilleurs catalyseurs du partenariat public-privé en matière d'investissement et de réalisation des grands projets structurants. En inaugurant le bureau de Tunis, qui est bien plus qu'une antenne de la Berd, l'enthousiasme du premier vice-président de la Berd était tel qu'il était allé jusqu'à citer le modèle tunisien en exemple. Ce à quoi, non sans humour, le gouverneur de la BCT a tenu à relever le trait «fâcheux» de ce genre de discours en rappelant que jadis, le FMI citait lui aussi le modèle tunisien en exemple... Cela avait le mérite de détendre un peu l'atmosphère. D'autant plus qu'une des priorités opérationnelles de la Berd est la restructuration et le renforcement du secteur bancaire tunisien. Il est à noter que le premier investissement de la Berd en Tunisie post-révolution est un engagement de... 20 millions d'euros dont la moitié sera accordée aux PME tunisiennes. Le même jour, excusez du peu, le président du groupe de la Banque islamique de développement (BID) était à Tunis pour présider une conférence sur l'investissement en Tunisie. Une conférence qui, à l'initiative de la BID, se tient depuis hier et qui se poursuit aujourd'hui à Tunis, dans le cadre du Partenariat de Deauville. Une conférence qui a surtout mis en exergue l'extraordinaire potentiel de développement des produits de la finance islamique en Tunisie. Le président de la Banque islamique de développement a d'ailleurs hier conclu de nouveaux accords financiers avec le gouvernement tunisien, d'un montant de... 1,2 milliard de dollars. Un des secteurs ciblés par ces accords est le secteur de l'infrastructure dans les régions intérieures du pays. Tout un symbole ! Ladite conférence a dégagé les pistes pour le développement de la finance islamique en Tunisie. Les bons du Trésor islamiques (les soukouks), ne représentent guère aujourd'hui que 2,5% de la totalité des bons du Trésor en Tunisie. Le gouverneur de la BCT y voit pourtant une réelle «industrie bancaire et financière islamique» qui mérite d'être développée en Tunisie parce que porteuse de croissance. «Il faudrait seulement, dit-il, veiller au respect des règles de la bonne concurrence entre la finance islamique et la finance traditionnelle. Il ne s'agit pas de privilégier l'une au détriment de l'autre, mais de veiller au respect par l'une et l'autre des règles prudentielles». Pour la Tunisie, la finance islamique est sans doute un nouveau vecteur de mobilisation des ressources, un nouveau catalyseur de l'investissement, mais il faudrait savoir accompagner ce nouveau mode de financement avec la rigueur et la prudence que dicte toute nouvelle expérience, par-delà les effets de mode. Autre rendez-vous désormais incontournable, le Forum international sur l'investissement a réuni hier à Tunis une large palette de décideurs venus des quatre coins du monde prendre le pouls de l'économie nationale et sonder les perspectives d'investissement en Tunisie . Là aussi, la propension à investir en Tunisie est manifeste. Elle reste cependant largement tributaire d'un regain de visibilité en termes politiques. Peu importe de savoir à qui, de la diplomatie économique tunisienne, de la BCT ou du département de la coopération internationale, revient le mérite de susciter un tel engouement pour le site tunisien. Une chose est sûre, l'intérêt manifesté pour la Tunisie par des institutions financières internationales est avant tout un signe de confiance en l'avenir de la Tunisie. Pour les argentiers du monde entier, tant qu'il n'y a pas d'intérêt, il n'y a pas d'action. Et si action il y a, c'est qu'il y a (potentiellement) plus que de l'intérêt et un retour sur investissement.. CQFD.